« Prenez soin de vous ! » : MG France lance la grève des heures sup', les appels à l'arrêt des gardes se multiplient

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Publié le 23/01/2023
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Crédit photo : S.Toubon

La coupe est pleine pour MG France. Après avoir déjà menacé, il a dix jours, d’un « mouvement de grande ampleur », le syndicat de médecins généralistes lance désormais une grève du zèle. « Un appel à la résistance », face au « démembrement du métier de médecin généraliste traitant », que perçoit le syndicat de généralistes à travers plusieurs textes parlementaires dont la proposition de loi Rist sur l’accès direct aux paramédicaux.

Ce dimanche, le syndicat a ainsi appelé ses confrères libéraux à mettre fin « aux heures supplémentaires » en arrêtant la PDS-A « sans repos compensateur indemnisé », en stoppant la participation des généralistes au service d’accès aux soins (SAS) et en fermant leurs cabinets en soirée et le samedi matin ! Un mouvement qui démarre « dès à présent », précise la Dr Margot Bayart, première vice-présidente de MG France, contactée par « Le Quotidien » ce lundi.

« Pas de devoirs supplémentaires »

« Ça fait des années qu’on fait 55 heures par semaine, désormais notre slogan c’est "prenez soin de vous" car personne ne le fera à votre place ! », lance la Dr Margot Bayart. Le syndicat refuse ainsi « les devoirs supplémentaires » imposés aux confrères et demande aux généralistes « de ne pas se mettre en risque personnel en travaillant trop ».

Comme les autres syndicats, MG France a été échaudé par un amendement voté la semaine dernière à l’Assemblée dans le cadre de la fameuse PPL Rist. Le texte adopté avec le feu vert du gouvernement pose le principe de « responsabilité collective » de participation à la permanence des soins (PDS), tant en ville qu'en établissement de santé. « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! s'insurge Margot Bayart. La profession est toujours plus contrainte et toujours plus épuisée ».

Avec ce mouvement de « refus des heures supplémentaires », MG France rejoint donc la grogne du Syndicat des médecins libéraux (SML) qui dénonçait vendredi « le retour de l’obligation de garde votée par une poignée de députés manipulés par monsieur le député Valletoux, ancien président de la FHF qui a si bien accompagné le naufrage des hôpitaux publics ». Le SML présidé par la Dr Sophie Bauer a appelé les médecins libéraux à « la grève des gardes dès vendredi 20 janvier et pour une durée illimitée ».

Pas en reste, la CSMF a lancé elle aussi un mouvement « illimité » de grève des gardes à partir de ce lundi 23 janvier. La centrale propose à ses troupes de télécharger une lettre type à adresser à l’Ordre départemental, à l’ARS, voire aux directions d’établissement pour les spécialistes. Des conseils sont donnés pour contester une éventuelle réquisition. Et ce lundi, la branche généraliste de la CSMF invite l’ensemble des syndicats à « mener de façon unitaire un mouvement beaucoup plus dur » au cas où la profession ne serait pas entendue.  

Perte de sens et double peine

De fait, la séquence est lourde pour la médecine de ville. Entre les vœux d'Emmanuel Macron jugés « hospitalo-centrés », la proposition de loi Rist sur l'accès direct, le spectre du retour des gardes obligatoires et le contrat d’engagement territorial brandi par la Cnam, les signaux inquiétants se sont multipliés.

MG France craint une « perte de sens » pour les généralistes, « auxquels ne resteront bientôt plus que des contraintes toujours plus rudes et des perspectives toujours plus étriquées ». « Nous n’avons jamais connu une période où se menaient de façon concomitante la négociation d’une nouvelle convention médicale et l’examen de projets de lois impactant lourdement l’exercice des médecins libéraux », résume aussi le Dr Luc Duquesnel, patron des généralistes de la CSMF. 

La Cnam disponible

C'est dans ce contexte explosif que l’ensemble des syndicats a claqué la porte des négos jeudi dernier. L’Assurance-maladie a réagi dans un tweet, regrettant « la suspension des négociations alors que ces dernières se poursuivaient début 2023 de façon constructive ». La Cnam souhaite laisser sa porte ouverte et affirme qu’elle reste « disponible pour une reprise des discussions ».

Dans les jours à venir, MG France n’exclut pas le lancement « d’une action commune d’envergure », concertée avec les autres syndicats. « Nous sommes tous d’accord pour dire que la médecine libérale est en danger », analyse Margot Bayart. La généraliste du Tarn affirme qu’une intersyndicale devrait se réunir « dans les prochains jours pour définir la montée en puissance de notre colère ».


Source : lequotidiendumedecin.fr