Rhume : les vasoconstricteurs doivent être prescrits sur ordonnance, demande l’Académie

Publié le 30/06/2015

Crédit photo : PHANIE

L’Académie nationale de médecine a, dans un communiqué, mis en garde contre l’accès en vente libre des médicaments du rhume à base de vasoconstricteurs. « Actuellement, en France, les formes nasales de ces vasoconstricteurs sont toutes soumises à prescription alors que les formes orales sont toutes en vente libre », déclarent les Prs Jean-Paul Giroud et Jean-Louis Montastruc. Ils recommandent que même les médicaments administrés per os « soient délivrés uniquement sur ordonnance ».

En 2012, l’Agence nationale de la sécurité du médicament avait déjà alerté la communauté médicale sur les risques liés à l’usage immodéré de certains produits contre le rhume.

Les académiciens soulignent, eux, que les médicaments par voie orale (pseudoéphédrine, phényléphédrine) ont une balance bénéfice-risque moins favorable que les vasoconstricteurs administrés par voie nasale (éphédrine, phényléphrine, oxymétazoline, naphazoline, tuaminoheptane).

Risques cardiovasculaires

En effet, cette classe médicamenteuse quelle que soit la formulation, a un « effet uniquement symptomatique » dans les états congestifs des rhinites aiguës. Sur le plan pharmacodynamique, ils agissent tant au niveau central qu’au niveau périphérique, comme des sympathomimétiques directs (activant les récepteurs alpha et/ou béta adrénergiques) ou indirects (majorant, comme les amphétamines, la libération des catécholamines et de la sérotonine). L’effet recherché - la vasoconstriction nasale et l’amélioration de l’obstruction nasale - s’accompagne aussi d’une vasoconstriction systémique.

L’Académie met en garde contre les risques cardio-vasculaires de ces médicaments : hypertension artérielle, syndromes coronariens aigus, troubles du rythme cardiaque et accidents vasculaires cérébraux. « Les données de pharmacovigilance montrent que ces effets indésirables déclarés sont certes "très rares" (‹  1/1 million de boîtes vendues) mais "graves" et dans tous les cas imprévisibles », insistent les Prs Jean-Paul Giroud et Jean-Louis Montastruc.

Surtout, indiquent-ils, « ils surviennent tant avec les formes orales que nasales et, dans certains cas, dans le cadre d’un mésusage », poursuivent-ils citant le non-respect de la posologie, de la durée ou l’association de deux vasoconstricteurs.

Pour élaborer ces recommandations, l’Académie s’est appuyée sur une analyse des données de pharmacologie fondamentale et clinique et sur les avis de personnalités qu’elle a auditionnées comme le Pr Olivier Lacourreye (ORL, Hôpital européen Georges Pompidou), le Pr François Legent (ORL, membre de l’Académie), le Pr Claude-Henri Chouard (ORL, membre de l’Académie) et le spécialiste de pharmacovigilance le Dr Michel Biour (Paris).

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr