La profession sur le qui-vive

Santé au travail : de la fiction à la réalité

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Publié le 01/12/2016
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CaroleMatthieu

CaroleMatthieu
Crédit photo : ELEMIAH-M. CROTTO

Vent debout contre la loi travail publiée le 9 août dernier, les médecins du travail restent sur le qui-vive pour éviter un glissement vers une médecine de contrôle et un affaiblissement de leur rôle. Un mouvement déjà bien amorcé. Aujourd’hui, le conseil d’orientation des conditions de travail va d’ailleurs se pencher sur un projet de décret de la loi travail qui vise à repousser la visite médicale tous les cinq ans et tous les quatre ans pour les salariés sur les postes à risque. Ces aménagements ne devraient pas faciliter la prévention, d’autant que le projet de texte va jusqu’à supprimer la visite d’embauche en la remplaçant par une simple visite d’information. La partie qui s’engage promet d’être rude, au moment précis où la santé au travail devrait faire l’objet de beaucoup plus d’attention.

Le labyrinthe des risques psychosociaux

Même la direction générale du travail (DGT), récemment auditionnée par le groupe de travail qui se penche sur le syndrome d’épuisement professionnel, dans le cadre de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale ne mâche pas ses mots. « Les médecins sont les seuls à pouvoir lever ces ambiguïtés », a souligné dans ce cadre Patrick Maddalone, sous-directeur de la DGT. Cet ancien inspecteur du travail estime que les logiques patronales ont parfois « des conséquences coûteuses sur le plan économique et humain ».

Sur les 400 000 cas d’épuisement professionnel recensés l’an dernier, seuls 315 ont été officiellement reconnus. « Cette reconnaissance des risques psychosociaux, reste un labyrinthe dont les médecins du travail détiennent seuls la solution », a affirmé Patrick Maddalone devant la commission. En cas de difficulté majeure, saisir un inspecteur du travail semblerait même relever de l’exploit ! Aujourd’hui, ils ne sont plus que 2 600 agents pour contrôler 1,8 million d’entreprises et près de 19 millions de salariés. L’an dernier les 220 800 inspections ont donné lieu à 3 000 mises en demeure, 13 référés et 4 400 arrêts de travail. L’observation de situations inquiétantes toutes repérées par des médecins sur le terrain. En France, seule une entreprise sur deux évaluerait convenablement les risques inhérents à son activité et les documents uniques seraient à jour dans 80 % des grandes entreprises. Aujourd’hui les médecins du travail ouvrent l’œil en particulier dans les petites entreprises, dans le secteur des services et leur rôle n’a jamais été aussi important.

Laurence Mauduit
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Source : Le Quotidien du médecin: 9539