Dans un contexte de crise des services d'urgence, la réquisition de deux médecins généralistes dans le Haut-Rhin ne passe pas auprès de la FMF. Selon le syndicat, le samedi 28 mai dernier, une généraliste installée à Rixheim, dans les environs de Mulhouse, a reçu l'ordre de venir travailler « pour la plage de régulation de 8 heures à 14 heures ».
Contacté par le « Quotidien », le Dr Patrick Vogt, représentant de la FMF au niveau départemental, raconte : « La médecin a reçu un coup de fil à 22 heures par le permanencier du commissariat de police pour présenter la réquisition. Puis sa lettre de réquisition a été envoyée par SMS à 22 h 30 le mercredi. C'est inacceptable ». Le service des urgences de l’hôpital de Mulhouse est confronté depuis des mois à une pénurie dramatique de médecins. Difficile, dans ces conditions, de remplir tous les créneaux manquants pour la régulation.
En décembre dernier, la préfecture du Haut-Rhin avait déjà procédé à des réquisitions de médecins généralistes libéraux pour participer à la régulation de la permanence des soins ambulatoire (PDS-A) au centre 15, pour le réveillon du 31 décembre et la journée du 1er janvier. Cette décision avait soulevé un tollé de la part des cinq syndicats de médecins libéraux, déplorant dans un communiqué commun que « la ligne rouge a été franchie ». « Depuis, on est dans la même situation, affirme le Dr Patrick Vogt. L'association départementale Regulib qui fournit des médecins généralistes volontaires ne peut pas faire plus. Il y a un nombre considérable d'appels aux urgences ».
Généralistes en souffrance
Le généraliste de Mulhouse rappelle aussi que la situation démographique dans la deuxième ville d’Alsace, est « catastrophique ». « Quatre ou cinq médecins vont arrêter cette année et ne sont pas remplacés, explique-t-il. Cela veut dire que 8 000 patients en ville seront sans médecins traitant. Ils vont se répartir sur les 80 médecins généralistes qui restent, soit 100 patients par médecin à absorber. C'est une charge de travail considérable. »
Le syndicaliste dit comprendre que l'hôpital de Mulhouse est en crise mais il estime que cela ne peut pas « se régler sur le dos des généralistes », eux-mêmes « en grande souffrance ». « S'ils veulent que des médecins viennent travailler à la régulation, il faut les payer correctement », dit-il. Aujourd'hui, cette mission de service public est rémunérée par l'Assurance-maladie 3 C de l'heure, soit 69 euros. Mais selon le dernier bilan de l'Ordre des médecins, les médecins régulateurs ont touché en moyenne des forfaits d'astreinte compris entre 75 euros et 150 euros par heure de régulation en horaires de PDS-A, tous créneaux confondus. Ces montants sont déterminés localement par les ARS via le fonds d’intervention régional (FIR).
« Quand il a fallu avoir des médecins rapidement dans les centres de vaccination, on a bien trouvé l'argent pour payer les médecins, les internes, les retraités 105 euros ou 120 euros de l'heure. Tant que l'ARS n’aura pas compris qu'il faut faire un premier geste en augmentant les horaires de régulation, il n'y aura pas de dialogue », insiste le Dr Vogt. La FMF déplore aussi la méconnaissance du travail spécifique de la régulation médicale qui nécessite « une formation préalable qui va très au-delà de l’apprentissage du logiciel de régulation une heure avant la prise de fonction, comme le pensent les administratifs qui prennent ces décisions ».
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