Soins visuels : en Île-de-France, une première « ESS » ophtalmo voit le jour

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Publié le 18/11/2022
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À compter de 2023, des ophtalmologues libéraux franciliens lanceront leur équipe de soins spécialisés (ESS). Soutenu par l'URPS ML et l'agence régionale de santé (ARS), ce dispositif innovant vise à garantir l'accès rapide à des avis spécialisés.

Crédit photo : Burger/Phanie

C'est un modèle organisationnel collégial qui a le vent en poupe en Île-de-France. Après les dermatologues et les cardiologues, c'est au tour des ophtalmologues libéraux de créer leur équipe de soins spécialisés (ESS) pour la région francilienne.

La spécialité subit depuis des années une démographie en diminution même si elle se réorganise grâce aux délégations de tâches et au travail aidé. Entre 2012 et 2021, la région a perdu 273 ophtalmos libéraux pour chuter à moins d'un millier de praticiens début 2022. Selon l'URPS, l’âge moyen des ophtalmologues franciliens est de 57 ans et 35 % de ces spécialistes libéraux ont plus de 65 ans… 

Dans ce contexte, face aux difficultés d'accès aux avis spécialisés, la création d'une équipe de soins en ophtalmologie a été soutenue par l'URPS ML et l'ARS. Il a fallu se constituer en association : ainsi est née l'Argos rassemblant des spécialistes et des orthoptistes. « Nous souhaitons proposer la bonne ressource au bon moment grâce à une coordination des soins entre les médecins de ville, les orthoptistes et les centres de référence publics et privés en ophtalmologie », explique le Dr Patrick Simon, ophtalmologue à Orsay, président de l'Argos. « Lorsque le patient doit se faire opérer d'un glaucome, il doit être orienté rapidement vers le bon spécialiste. L'ESS va le faciliter », renchérit celui qui est aussi trésorier de l'URPS. Les médecins franciliens pourront joindre l'équipe de soins spécialisés grâce à un numéro de téléphone dédié. 

Parmi les objectifs figurent aussi le recours aux soins non programmés ou en urgence, le déploiement de la téléconsultation et de la télé-expertise, au travers d’une plateforme régionale, la continuité des soins en ophtalmologie ou encore l’ouverture de la maîtrise de stage en libéral en collaboration avec le coordonnateur du DES d’ophtalmologie.

Pathologies spécifiques

Dans un premier temps, l'ESS se concentrera sur des situations identifiées comme le dépistage et la prise en charge de l’amétropie et de l’amblyopie chez l’enfant, le parcours de soins des patients présentant une urgence chirurgicale en rétine, celui des patients présentant une lésion palpébrale et la prise en charge de la DMLA. Les glaucomes, le suivi numérique automatisé des ordonnances des ophtalmologistes en coordination avec les opticiens feront aussi partie des thématiques prioritaires. Sur l'amblyopie, « les délais sont longs, environ deux mois, pour avoir un rendez-vous chez des orthoptistes, rapporte Mathilde Tallaron, orthoptiste et vice-présidente de l'Argos. Si cela ne se fait pas rapidement, il y a une perte de chance ». 

La prévention de la myopie chez les enfants scolarisés est aussi un enjeu. « Il y a une rupture entre la prévention faite à l'école par les infirmiers scolaires et les professionnels de ville, pointe le Dr Patrick Simon. L'équipe peut remédier à ce problème pour mieux faire connaître auprès des infirmiers scolaires le réseau d'ophtalmos et d'orthoptistes de ville ».

Originalité, afin de fluidifier le parcours de soins visuels, l'ESS souhaite nouer des partenariats avec des hôpitaux pour permettre aux ophtalmologues de savoir « à quels plateaux techniques s'adresser ou quels spécialistes sont les plus à même de prendre les patients ». Selon le Dr Simon, quatre établissements publics (Avicenne, Créteil, Cochin, Lariboisière) sont intéressés par cette coordination avec l'équipe de soins spécialisés.

Une trentaine de volontaires

Pour le démarrage, une trentaine d'ophtalmos libéraux ont déjà validé leur adhésion. À terme, l'Argos espère attirer jusqu'à 200 spécialistes franciliens pour « assurer un bon maillage des ressources dans chaque département ». L'association mise également sur l'implication forte des orthoptistes libéraux. « Nous allons faire la promotion de ce dispositif, confie Mathilde Tallaron. Le but est d'avoir un bon réseau, environ 200 sur les 1 000 orthoptistes que compte la région, pour accepter des patients qui requièrent une prise en charge rapide afin de limiter les évolutions à risques ».

À deux mois du lancement, l'Argos s'emploie à se faire connaître auprès des généralistes et ophtalmos de ville. Par l'intermédiaire de l'URPS et de l'ARS, elle va joindre toutes les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) de la région pour leur « proposer les ressources à jour en ophtalmologie dans chaque département ». Pour financer son fonctionnement, l'Argos a reçu une subvention de 100 000 euros de l'ARS.

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin