Terrain de recherches et recherches de terrain

Publié le 12/11/2013
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LA MÉDECINE DU TRAVAIL enrichit nos connaissances sur les problèmes quotidiens loin d’être anodins. Quelques exemples…

• La dysphonie : un risque professionnel ?

Une étude récente sur la dysphonie professionnelle menée par Lucio Maci, un ORL milanais, met un coup de projecteur sur la voix considérée comme outil de travail. Les troubles de la voix étudiés chez les enseignants et les téléopérateurs de centres d’appel peuvent, entre autres, retentir sur leur exercice professionnel. Une baisse de performance qui a éventuellement un impact financier, tant pour l’employeur que pour l’employé. Lucio Maci propose donc de considérer la dysphonie comme un risque professionnel, ce qui implique l’intervention des médecins du travail pour prévenir, résoudre ou limiter ce problème.

Des actions sont déjà menées dans les entreprises pour limiter les interférences sonores ambiantes et l’utilisation de systèmes d’amplification. La dysphonie professionnelle, bien qu’il n’y ait pas un accord général sur ce point, semble seulement reconnue chez les travailleurs qui subissent une ou plusieurs maladies associées à des troubles de la parole : les maladies du nez et de la gorge, les allergies, les troubles digestifs dont le reflux gastro-œsophagien, les habitudes vocales nuisibles, les infections récurrentes des voies respiratoires, le tabagisme, l’alcoolisme, les maladies de la thyroïde. Les médecins du travail, qui font équipe avec les ORL, sont donc en première ligne pour repérer, explorer et prévenir ces troubles avant qu’ils ne deviennent une cause directe ou indirecte de licenciement.

Ref : Dott. Lucio Maci Via Umberto I° 1473012 Campi Salentina (LE) - Lucio Maci, Mario Tavolaro, Elvira Anastasia Nucci, Orietta Calcinoni - Otorhinolaryngologie et Phoniatrie des Centres de Médecine Légale - I.N.A.I.L. de Milano et de Monza – sept 2013

• L’état psycho-émotionnel des accrocs aux e-mails passé au crible

Les médecins du travail lancent des études particulièrement étonnantes pour observer et mesurer les difficultés rencontrées par les salariés. Plusieurs médecins de l’ACMS sont à l’origine d’une première étude sur l’évaluation du volume de courriels reçus et envoyés, les délais et les moyens utilisés pour dégager quelques bonnes pratiques de l’utilisation de la messagerie électronique. Une enquête épidémiologique réalisée à partir de questionnaires complétés par près de 1 400 salariés lors de visites médicales. Résultat : Les travailleurs recevaient 24 e-mails et en rédigeaient 26 chaque jour en moyenne. Le stress n’était visiblement pas lié à la quantité d’informations échangées, mais aux délais jugés insuffisants pour agir ou répondre. Le stress perçu était en partie liée aux interruptions trop fréquentes dans le travail. L’existence d’une symptomatologie anxio-dépressive a même été dépistée chez 23,3 % des utilisateurs.

*Étude menée par les Drs Patrice Manglier, Pascal Fau-Prudhomot, Jacques Alcouffe, Cloé Leroy, Victoria Mora, Marie-Laurence Sanchez-Bréchot, médecins du travail ACMS


Source : Le Quotidien du Médecin: 9279