S'il devait être dressé, le portrait-robot du médecin généraliste de 2022 devrait indiquer que celui-ci exerce désormais en groupe, plutôt pluriprofessionnel, et avec un secrétariat, souvent physique. C'est ce que révèlent deux études de la Drees, le service des statistiques du ministère de la Santé, publiées ce mercredi matin et menées auprès d'un panel de médecins généralistes libéraux.
Premier enseignement de ces études, l'exercice en groupe ne cesse d'augmenter depuis une dizaine d'années. 69 % des médecins généralistes libéraux interrogés déclarent désormais exercer en groupe, contre 61 % en 2019 et 54 % fin 2010. Ce sont les médecins les plus jeunes – 87 % des moins de 50 ans – et les femmes – à 80 % – qui se regroupent le plus.
De plus en plus de pluripro
L’exercice pluriprofessionnel, avec d’autres professionnels de santé non-médecins, est choisi par quatre médecins généralistes sur dix, ce qui représente 60 % des praticiens installés en groupe. Cette part est variable selon les régions, mais elle est plus forte dans les zones de sous-densité médicale (71 % des médecins), « ce qui fait écho aux politiques d’encouragement à l’exercice pluriprofessionnel, ciblées sur ces territoires », souligne l'étude. En revanche, la part de médecins en exercice monoprofessionnel passe à 29 %, en baisse de quatre points depuis 2019.
Le développement du pluripro « tient en partie à celui des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) : 17 % des médecins exercent dans une structure de ce type », indique la Drees. Selon 12 % des médecins interrogés, leur structure est signataire de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI), qui permet de recevoir un financement de l'Assurance-maladie. L'exercice en MSP est là encore plus fort chez les jeunes, puisque 24 % des moins de 50 ans indiquent l'avoir choisi.
Le regroupement peut être décidé au cours de la carrière professionnelle, note la Drees, puisque 22 % des médecins qui exerçaient seuls en 2019 font partie d’un cabinet de groupe trois ans plus tard. « Ces éléments laissent présager une poursuite de l’augmentation de l’exercice regroupé dans les prochaines années », analyse la direction ministérielle.
Secrétariat physique
Les médecins généralistes ont également été questionnés sur leur utilisation du secrétariat. En 2022, la grande majorité des médecins généralistes libéraux (84 %) indique désormais disposer d’un secrétariat médical. Seul un médecin généraliste sur six effectue lui-même les tâches de secrétariat, contre 23 % en 2019 et 44 % en 2011. « Le recours à un secrétariat pour déléguer tout ou partie des tâches a beaucoup progressé depuis 2011, ce qui pourrait permettre de libérer du temps médical », analyse la Drees. Là encore, les jeunes médecins ont plus souvent un secrétariat (95 % des moins de 50 ans), ainsi que les femmes (92 %) et les médecins en groupe (92 % également).
La moitié des médecins (51 %) disposent d’un secrétariat physique au sein de leur cabinet. Le fait d'être regroupé joue, une fois de plus : 65 % des médecins en exercice pluriprofessionnel ont un secrétariat physique, contre 24 % des médecins seuls. Entre également en ligne de compte le volume d'activité usuel, plus le médecin travaille, plus il aura tendance à avoir un secrétariat.
Hausse des outils en ligne
Autre enseignement, sans surprise, l'usage des outils de prise de rendez-vous en ligne augmente chez les médecins généralistes : plus d’un médecin sur trois (36 %) déclare s’en servir, contre 23 % en 2019. Ces solutions sont plus plébiscitées par les plus jeunes, 48 % des généralistes de moins de 50 ans y ont recours, et par les praticiens regroupés avec d‘autres professionnels (47 %). Les médecins qui réalisent des téléconsultations sont également plus friands de ces outils. 41 % des médecins déclarant avoir déjà réalisé des téléconsultations ont également un outil de prise de rendez-vous en ligne contre 18 % pour les autres médecins.
Parmi les médecins généralistes en activité en 2019 et en 2022, près d’un tiers (31 %) de ceux qui assuraient eux-mêmes le secrétariat s’est équipé entre-temps. Ils sont plus nombreux à s’être dotés d’un outil de prise de rendez-vous en ligne (44 %) que d’un secrétariat physique (27 %), ou d’une plateforme téléphonique (36 %). À l’inverse, l’abandon des interfaces en ligne est fréquent. Parmi les médecins qui les proposaient à leurs patients en 2019, 24 % ont arrêté de l’employer trois ans plus tard. L’abandon des modes de secrétariat « classiques » est plus rare.
* 4e panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale, mené en ligne et par téléphone entre le 5 janvier et le 22 avril, auquel ont répondu plus de 1 550 médecins, installés au 1er janvier 2018.
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