Alors que le débat s’enflamme sur les rendez-vous non honorés - et qu’une pétition en ligne cartonne réclamant de faire payer aux patients ces fameux lapins - le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) a pris part à la polémique ce 4 août. À contre-rebours de la pétition lancée par l'Union française pour une médecine libre (UFML), le syndicat de jeunes, non représentatifs, l’affirme : « non, faire payer "les lapins" ne résoudrait en rien l'accès aux soins, bien au contraire ».
Le SNJMG commence par rappeler, à toutes fins utiles, que facturer des actes n'ayant pas été réalisés est « illégal » et invite les confrères à se pencher davantage sur la situation des patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous. « N'oublions pas que les patient-es eux aussi vivent dans un monde avec extrêmement de contraintes : monde du travail, garde des enfants, problème familial de dernière minute, maladies diverses… », rappelle le syndicat, qui pousse à sortir « de la logique de culpabilisation » qui ne ferait « qu’abîmer la relation » de soin.
« Combien de médecins ont des secrétariats qui répondent rapidement au téléphone ? »
Face aux poseurs de lapins, le SNJMG tient également à mettre en regard les carences de la médecine de ville, en particulier en termes de secrétariat. « Combien de médecins ont des secrétariats qui répondent rapidement au téléphone ? Qui ne sont plus externalisés, pour lesquels il faut attendre longuement, réitérer son appel, pour pouvoir joindre quelqu'un ? », questionne le syndicat de jeunes, évoquant « un obstacle supplémentaire » pour les patients qui souhaitent annuler leur rendez-vous et qui finissent « par abandonner ».
Alors que la pétition fait valoir « une dérive consumériste » des malades, qui pénaliserait l’organisation des soins, le SNJMG met, étonnamment, en avant les effets positifs des lapins pour les confrères ! « Les annulations de rendez-vous permettent parfois de rattraper un peu le retard, de répondre aux courriers/mails, et laissent rarement les médecins dans l'ennui », pense le syndicat, qui ne voit pas dans les lapins une source « d’extrême désorganisation » laissant « des médecins désœuvrés ».
Les plus précaires pénalisés
En sous texte, le SNJMG voit surtout dans cette pétition, « une question de manque à gagner » à récupérer pour les médecins et balaye l’argument de l’accès au soin.
Pis, facturer les rendez-vous non honorés reviendrait à pénaliser les patients les plus précaires, « ce qui freinerait d'autant plus l'accès aux soins », craint le syndicat, alors que « les plus aisés n'en seraient pas gênés, pouvant se permettre ces paiements ». Pour éviter les rendez-vous non honorés, les jeunes préfèrent à la place « reconstruire une relation de confiance soignant/soigné ».
Deux lapins par jour en moyenne
Lancée il y a désormais cinq ans par l’UFML, la pétition en ligne est passée en l’espace de quelques jours de 4 000 à 7 000 signatures, relancée le 24 juillet par les réseaux sociaux et le Dr Franck Clarot, radiologue libéral à Rouen. Avec la facturation des lapins, l’illustre « LeDoc » sur Twitter préfère parler de « mesure d’encouragement » pour pousser les patients à honorer leurs rendez-vous.
Fin juillet, une enquête menée par l’URPS médecins Île-de-France affirmait que les praticiens de région parisienne auraient à subir, chaque jour, deux rendez-vous non honorés en moyenne - avec « des pics pouvant aller jusqu'à cinq ». L’union régionale fait d’ailleurs des propositions, allant jusqu'à un prépaiement que les médecins pourraient « volontairement activer », notamment lorsque les prises de rendez-vous concernent de nouveaux patients.
À l'échelon de la France, un rendez-vous non honoré par jour et par médecin représenterait 27 millions de consultations annuelles, toujours selon l’URPS. C’est l'équivalent du temps de travail d'environ 4 000 médecins, « si on le ramène à un rythme de trois consultations par heure et 50 heures de travail par semaine ».
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