L’organisation du système de santé britannique

Quand le NHS peut parfois servir d’exemple

Publié le 26/03/2009
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LE BOND ANNUEL de 7 % du budget de la santé au Royaume-Uni depuis l'an 2000 ne laisse personne indifférent et produit des résultats. Rompant avec les années Thatcher, ce choix de Tony Blair avait un objectif précis : rejoindre le niveau des pays de l'OCDE qui consacrent en moyenne 9 % de leur PIB à la santé. Huit ans d’efforts n'auront pas suffi pour y parvenir, même si les Anglais y dépensent désormais 8,3 % de leur richesse et les Français un peu plus de 11 %. Un écart qui pèse tout de même 53 milliards d'euros, soit 830 euros de plus par personne et par an en France. Un constat qui permet à Pierre-Louis Bras et Gilles Duhamel, inspecteurs généraux des affaires sociales de s'interroger, lors d’un débat à Sciences- Po, sur « la bonne organisation générale des soins primaires » outre-Manche.

« Sur le plan sanitaire, nous n'avons pas à rougir de nos performances, mais nous avons certainement des leçons à tirer de l'utilisation des calculs médico-économiques qui servent en Angleterre à faire des choix utiles », explique Pierre-Louis Bras. Au pays où, « l'année de vie gagnée à une valeur statistique, tout se mesure et c’est un gage de meilleure qualité pour que le soin soit plus efficace, plus confortable et moins cher pour les patients », précise Gilles Duhamel.

Au Royaume-Uni, faire sortir des services de l'hôpital est un objectif clairement affiché. C'est pourtant dans ces seules structures qu’exercent les spécialistes et notamment les 11 000 d’entre eux recrutés ces huit dernières années. En ville, les fameux PCT ( Primary Care Trusts) par lesquels passent 80 % des budgets ont globalement embauché 26 % d'infirmières et 20 % de médecins généralistes de plus, ce qui correspond à 86 000 recrutements en 10 ans. « Ce pays partage donc nos soucis de démographie médicale sans le frein de la liberté d’installation », résume Pierre-Louis Bras. Sur le terrain, cette accélération fait ses preuves. Les délais d’attente réputés sans fin seraient sur le point de disparaître. « À l’heure actuelle, 87 % des patients inscrits obtiennent un rendez-vous chez leur généraliste en moins de 48 heures», assure Gilles Duhamel qui rappelle que ces praticiens de premier recours ne sont que 65 pour 10 000 habitants. L'accès à l'hôpital reste, semble-t-il, un peu plus compliqué puisque hors urgence, 75 % des patients sont pris en charge via leur médecin généraliste en l'espace de 18 semaines.

La médecine proactive voit le jour.

Réputé étatisé, centralisé et nationalisé, le système du NHS -National Health Service- semble avoir quelque vertu dans le domaine de l'information même si les transmissions entre la ville et l'hôpital restent un problème. En ville, chaque cabinet a accès au registre national. Une approche centralisée qui présente des avantages, selon Gilles Duhamel. « Les médecins peuvent avoir connaissance de la liste de tous leurs patients diabétiques pour déceler ceux qui n'ont pas le bon traitement ou ne sont pas assez observant. » Les administratifs, qui travaillent en équipe avec les médecins, appellent les patients en leur proposant une meilleure prise en charge. « À l'heure où les médecins attendent dans les cabinets que les patients viennent les voir, les Anglais inventent la médecine proactive et font des pas de géant en termes de prévention » martèle Pierre-Louis Bras. L’éducation thérapeutique n'est d’ailleurs pas payée indépendamment du reste. Ce soutien fait partie des objectifs. Chaque cabinet est tenu de lancer un sondage annuel et d’établir un programme d’actions pour corriger ce qui marche le moins. « Ce système, qui ignore la logique de paiement à l’acte, cultive les objectifs et les résultats dictant les rémunérations, me semble un exemple », conclut Gilles Duhamel. À la lueur de cette approche anglo-saxonne, les intervenants estiment que l’éclosion de nos ARS (futures agences régionales de santé) paraît être « une ébauche, une simple esquisse » pour introduire « à l’anglaise » de la qualité dans notre système.

 LAURENCE MAUDUIT

Source : lequotidiendumedecin.fr