Opposée aux vaccins contenant de l’aluminium - et proches des réticents à la vaccination - l’association E3M a finalement obtenu gain de cause. Après que l'association a déposé plainte en octobre 2017, deux médecins ont été sanctionnés par la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins le 18 juillet dernier. L'ordre leur reproche d'être intervenus à la radio et à la télévision en omettant de donner leurs liens d’intérêts avec des labos commercialisant des vaccins.
Les deux praticiens médiatiques - le Pr Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et le Pr Robert Cohen, pédiatre et coordinateur du réseau Infovac - écopent ainsi d’un avertissement, plus faible sanction disciplinaire.
« Mentionner ces liens au début de son intervention »
Intervenu en janvier 2017 dans l’émission « C dans l’air », le Pr Lina défendait alors l’innocuité du vaccin Gardasil, cible de controverse favorite de l’époque. Après une première plainte, rejetée en 2018 par la chambre disciplinaire de première instance de Rhône-Alpes, E3M avait décidé de faire appel, arguant notamment de liens entre le virologue et le conseil scientifique du GEIG - dont il est le président - et qui est financé en partie par des laboratoires pharmaceutiques.
En appel, Bruno Lina a affirmé « ne percevoir personnellement aucune somme des sponsors du Gieg » et soutenu « qu’il n’avait fait que relayer la position de la communauté médicale sur les vaccins en cause ».
Dans sa décision du 18 juillet, la chambre nationale a reconnu qu’il incombait au Pr Bruno Lina « de mentionner ces liens au début de son intervention » médiatique. Pour l’Ordre, le virologue contrevient ainsi à l’article L.4113-13 du Code de la santé publique, qui précise que « les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et des établissements produisant ou exploitant des produits de santé (…) sont tenus de faire connaître ces liens au public lorsqu’ils s’expriment sur lesdits produits (…) dans la presse écrite ou audiovisuelle ».
E3M déboutée des arguments scientifiques
C’est « une première dans le domaine des rapports entre professionnels de santé et industrie pharmaceutique », se félicite E3M. Ce qu’oublie de dire l’association c’est qu’elle a été déboutée de la seconde partie de sa plainte contre le Pr Lina… Sur France 5, le virologue avait affirmé que les controverses autour de l’aluminium dans les vaccins et du Gardasil étaient « un problème franco-français » et qu’il n’y avait « aucun signe disant qu’il y avait un problème ».
Selon E3M, ces déclarations contreviennent à l’article R. 4127-13 du Code de la santé publique qui impose au médecin de ne « faire état que de données confirmées » et de « faire preuve de prudence » lors de ses prises de parole. Un motif qu’a rejeté en bloc la chambre disciplinaire, sur la foi d’arguments scientifiques. La décision précise ainsi qu’après instruction « la myofasciite à macrophage, consécutive à l’injection de vaccins contenant des sels d’aluminium, a été essentielle décrite en France, et aucune relation n’est scientifiquement démontrée entre celle-ci et des signes cliniques observables ».
Liens d’intérêts avec Sanofi et GSK
En 2017, le Pr Robert Cohen est, lui aussi, intervenu pour récuser les effets nocifs des adjuvants à base d’aluminium, sur « France Info » et « RTL ». Des propos « étayés par des rapports et études scientifiques », a-t-il maintenu devant la chambre disciplinaire nationale. Il a également écopé d’un avertissement, pour ne pas avoir informé le public de ses liens d’intérêts avec Sanofi et GSK.
Aussi, la chambre disciplinaire a constaté qu’« en prenant position sur l’innocuité de ces adjuvants, le Dr Cohen doit être regardé comme s’étant exprimé sur des produits de santé exploités par des entreprises avec lesquelles il avait des liens », et en conséquence rappelle que « ces liens auraient dû être portés à la connaissance du public ».
Réticence
« La loi prévoit que le public est en droit d’être éclairé : qui est réellement l’expert qui s’exprime et quels sont ses liens avec le monde économique et notamment les fabricants des produits sur lesquels il s’exprime ? », a réagi le président de l’association E3M, Didier Lambert, suite au verdict.
Créé en 2001 pour soutenir « les malades de myofasciite à macrophages », E3M a toujours affirmé ne pas « être opposée au principe même de la vaccination ». Pendant la pandémie, l’association a notamment défendu l’usage de l’ivermectine et s’est montrée réticente à la vaccination Covid - « des vaccins expérimentaux », « qu’il est inacceptable d’imposer ».
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