Installé dans un cabinet en solo depuis 26 ans à Créteil (Val-de-Marne), le Dr Éric Weinberg, 56 ans, est encore sous le choc. Le 4 juillet, le généraliste a été agressé dans sa salle d'attente par deux jeunes qui voulaient lui dérober sa montre. « Vers 12h30, j'avais fini mes consultations sans rendez-vous, confie, encore ému, le médecin au "Quotidien". J'allais chercher quelque à chose à manger. Au retour, deux jeunes qui n'avaient pas plus de 20 ans m'attendaient. » Alors qu'un des deux individus faisait diversion pour lui demander une consultation, son complice est passé par derrière et lui a fait « une prise dans le cou ». Cette violente attaque par strangulation a entraîné une brève perte de connaissance du médecin.
« Je m'y attendais pas du tout, je me sentais en sécurité dans ce quartier, ajoute le médecin de famille. Je connais tout le monde et je n'ai jamais eu de problème avec les habitants. D'ailleurs, les deux individus n'étaient pas du quartier. »
Les deux jeunes voulaient voler la montre du généraliste « qui ressemblait de loin à une Rolex », mais d'une valeur de 49 euros en réalité. « Les gens croient toujours que les médecins roulent sur l'or… », ironise celui qui est aussi élu (UFML) à l'URPS médecins Île-de-France. Ouvert de 10h à 19h, son cabinet, qui reçoit en moyenne 45 patients par jour, est situé dans un quartier sensible entre deux cités.
Boule au ventre
Malgré cette attaque, le généraliste n'a pas souhaité se mettre en arrêt maladie. « Si je ferme mon cabinet, il n'y aura plus de médecin. Avant on était six dans le quartier », dit-il. Mais depuis deux jours, le praticien confie avoir « comme une boule au ventre » et « être stressé ». Après avoir porté plainte à la police et fait le signalement auprès de l'Ordre départemental, il a décidé d'équiper son cabinet de caméras de surveillance et d'arrêter les consultations sans rendez-vous.
L'URPS francilienne, l'UFML-Syndicat et l'Ordre départemental ont apporté leur soutien au Dr Weinberg, après son agression. Le Dr Jérôme Marty, président du syndicat, pointe « la dégradation des conditions d’exercice des médecins, issue des erreurs de décisions des politiques depuis des décennies en matiè̀re de santé ». « L’absence de revalorisation des actes médicaux, la chute dangereuse du nombre de médecins aboutissent à des praticiens de plus en plus sollicités, surchargés, sans pouvoir souvent disposer d’un secrétariat physique dans leur cabinet », charge l'UFML. Qui exhorte les autorités judiciaires à « la plus grande fermeté afin de condamner les auteurs de ces agressions ».
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