Au départ du Tour de France, samedi à Monaco

Armstrong, un champion au dossier médical chargé

Publié le 01/07/2009
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Crédit photo : AFP

Les affaires classées

Contrairement aux idées reçues, Lance Armstrong n’est pas seulement victime de rumeurs. À deux reprises, il a été contrôle positif. Lors du Tour 1999, au soir de la première étape, le 19 juillet, le contrôle urinaire a révélé des traces de triamcinolone acétonide, un corticoïde de synthèse à action retard qui figure sur la liste des produits interdits de l’UCI. Il n’avait pas produit de justificatif thérapeutique. Quand « le Monde » a rendu publique la nouvelle, le coureur a assuré au cours d’une conférence de presse n’avoir jamais pris de corticoïdes. Le 22 juillet, il a produit un certificat médical signé du médecin de l’équipe, pour de la Cémalyt, destinée à soigner une dermatite allergique à la selle. L’UCI s’en est satisfaite.

Prélevés lors du Tour 1999 encore, six échantillons urinaires numérotés concernant Armstrong se sont révélés en 2000 positifs à l’EPO, à partir d’une méthode de détection nouvelle qui ne sera validée par l’AMA (Agence mondiale antidopage) qu’en 2004. Le Pr Jacques de Ceaurriz, directeur du LNDD (Laboratoire national de détection du dopage) aura beau affirmer que ce « test est fiable à 100 % », sa valeur sera jugée expérimentale au moment du prélèvement, et donc sans conséquences disciplinaires.

De nombreuses rumeurs ont en outre circulé : une vingtaine de personnes à ce jour ont témoigné des agissements frauduleux du Texan, sans jamais faire l’objet de poursuites de sa part.

Les dernières données

Depuis la fin de sa retraite, en janvier dernier, Armstrong a fait l’objet de plus d’une trentaine de contrôles. L’un d’eux, effectué en mars par l’AFLD, a donné lieu à polémique, quant aux modalités des prélèvements (lire ci-dessous), mais, une fois encore, le dossier a été classé. De même, pour le passeport sanguin, justement mis en œuvre par l’UCI en janvier de cette année, aucune anomalie ne semble avoir été observée sur les paramètres de l’Américain. Tout de même, le Pr Michel Rieu, conseiller scientifique de l’AFLD, s’étonne : « Les valeurs de consommation maximale d’oxygène, qui permettent d’apprécier l’aptitude physiologique à la performance, observe-t-il, si elles sont supérieures à la moyenne, sont loin d’atteindre celles d’autres grands champion, tel Bernard Hinault ou Greg LeMond. On ne saurait donc expliquer le rendement de ce coureur par une capacité hors du commun à dépenser de l’énergie. Il y a forcément autre chose. »

Autre chose qui n’est « pas bon signe pour le cyclisme et pour les jeunes », juge le Dr Christian Hutin, président du groupe parlementaire Éthique et dopage dans le sport et médecin des Quatre jours de Dunkerque. Le député-médecin estime même que « le retour d’Armstrong est la plus mauvaise chose qui pouvait arriver au Tour de France ».

Le bouclier de la lutte contre le cancer

Atteint en 1996 d’un cancer testiculaire avec d’importantes métastases, Armstrong a fait l’objet la même année d’une ablation du testicule, d’un traitement chirurgical de ses métastases cérébrales (cinq heures d’intervention) et de quatre cycles de chimiothérapie. Quand il fut assuré, en 1997, de son statut de survivant, il créa la fondation, qui leva pour sa première année 250 000 dollars et pesait moins de dix ans plus tard 52 millions de dollars. Face à ses accusateurs, il se mua en chevalier blanc qui mobilise contre « la maladie du siècle », icône du cancer. Mais dans le « Sunday Times », l’ex-coureur américain Paul Kimmage n’hésite pas à traiter Armstrong de « cancer du sport cycliste ». Sans aller jusque-là, le Pr Rieu note que « même si l’argent n’a pas d’odeur, la lutte contre le cancer mérite mieux que lui, compte tenu du caractère sulfureux du personnage. »

À liez : « Le Sale tour », de Pierre Ballester et David Walsh (Seuil, 242 p., 18 euros) et « La Grande imposture » du Dr Jean-Pierre de Mondenard (Hugo & Cie, 210 p., 12,95 euros).

 CH. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr