Le 76e Festival, du 16 au 27 mai

Cannes toutes lumières retrouvées

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Publié le 12/05/2023
Des jeunes et des vieux, des Américains et des Africains, des films historiques et d'autres sur la menace climatique, des stars et des espoirs, et ce qu'il faut de polémiques... : cette fois le festival de Cannes retrouve vraiment tout ce qui a fait son charme et sa puissance. Un bon signe pour l'avenir du cinéma.
« Jeanne du Barry »

« Jeanne du Barry »
Crédit photo : ST. BRANCHU/WHY NOT PRODUCTIONS

Il y aura sûrement de la contestation, peut-être même « le noir » annoncé par les électriciens CGT. La manifestation mondiale attire les lumières et ceux qui veulent se faire entendre. Mais si les paillettes et le faste – luxe, yachts et tapis rouge –, peuvent sembler inappropriés aux yeux de certains éveillés, le festival est aussi le lieu de toutes les passions : des créateurs, des acteurs et autres professionnels, des cinéphiles, critiques ou simples amateurs, ceux qui croient contre vents, marées et polémiques, que le 7e art a quelque chose à dire et à apporter à tous. Sans négliger l'aspect économique.

En tout cas, le programme du 76e festival apparaît très prometteur. Il s'ouvrira le mardi 16 mai avec, hors compétition, « Jeanne du Barry » de Maïwenn, qui sort le même jour dans les salles, avec Johnny Depp dans le rôle de Louis XV (première polémique, avec les accusations de violences sexistes de son ex-épouse Amber Heard). La soirée d'ouverture, diffusée en direct sur France 2 et Brut, aura pour maîtresse de cérémonie Chiara Mastroianni (qu'on verra avec Viggo Mortensen dans « Eureka » de Lisandro Alonso) et sera l'occasion de remettre un César d'honneur à Michael Douglas.

La riche sélection officielle réunit jeunes cinéastes et vétérans, car, selon les mots du délégué général Thierry Frémaux, « il n'y a pas de date de péremption pour les cinéastes ni pour les œuvres ». C'est ainsi qu'on retrouvera en compétition les palmés Ken Loach (« The Old Oak »), Nanni Moretti (« Vers un avenir radieux », sortie le 28 juin) ou Nuri Bilge Ceylan (« les Herbes sèches », 12 juillet) aux côtés de la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy avec son premier film, « Banel et Adama ». Entre autres habitués du festival, on verra aussi Wes Anderson (« Asteroid City », au casting prestigieux ), Marco Bellocchio (« l'Enlèvement », le rapt d'un enfant juif par l'église catholique au XIXe), Hirokazu Kore-Eda (« Monster »), Wim Wenders (« Perfect Days ») ou Todd Haynes (« May December », avec Natalie Portman et Juliane Moore). Trois réalisatrices françaises monteront les marches, Justine Triet (« Anatomie d'une chute », 23 août), Catherine Breillat (« l'Été dernier ») et Catherine Corsini (« le Retour »), qui a failli ne pas être là car soupçonnée de harcèlement et d'irrégularités pour une scène intime avec une mineure. On attend aussi avec curiosité Tran Anh Hung, le cinéaste de « l'Odeur de la papaye verte » (« la Passion de Dodin Bouffant », un alléchant duo de cuisiniers, Benoît Magimel et Juliette Binoche), Jean-Stéphane Sauvaire (« Black Flies », d'après un roman de Shannon Burke, le quotidien de deux urgentistes dans la violence de New York, avec Tye Sheridan et Sean Penn), Kaouther Ben Hania (« les Filles d'Olfa », un documentaire sur une Tunisienne confrontée à la disparition de deux de ses quatre filles), ou encore Jonathan Glazer (« The Zone of Interest », d'après Martin Amis, qui se situe à Auschwitz). Le jury, on le voit, aura fort à faire. Ruben Östlund, double Palme d'or, qui est à sa tête, a promis « une présidence démocratique ».

Comme d'habitude, les événements ne seront pas tous en compétition. Produit par Apple pour sa plateforme, « Killers of the Flower Moon » de Martin Scorsese, avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro bénéficiera d'une sortie en salles en octobre (le 18 en France) ; c'est l'histoire vraie, dans les années 1920, de meurtres en série dans la communauté Osage, aux terres riches en pétrole. Autre projection attendue, « Indiana Jones et le cadran de la destinée », 5e film de la saga, signé James Mangold (28 juin). Et bien sûr, le film de clôture,« « Élémentaire », dessin animé Pixar de Peter Sohn (14 juin).

Parmi les cinéastes qui donnent de leurs nouvelles dans la section Cannes Première ou en séance spéciale, Martin Provost (« Bonnard, Pierre et Marthe », avec Vincent Macaigne et Cécile de France), Valérie Donzelli (« l'Amour et les Forêts », avec Virginie Efira et Melvil Poupaud, 24 mai), Takeshi Kitano (« Kubi »), Steve McQueen (« Occupied City »), Mona Achache (« Little Girl Blue ») et Pedro Almodóvar (« Strange Way of life », western de 31 minutes).

Promesses de découvertes avec Un Certain Regard, avec notamment huit premiers films. L'an dernier, « War Pony », de Gina Gammell et Riley Keough, qui vient de sortir en salles, avait obtenu la Caméra d'or. La section s'ouvrira avec « le Règne animal », de Thomas Cailley avec Romain Duris et Adèle Exarchopoulos, et se clôturera avec « Une nuit », d'Alex Lutz. Enfin, on n'aurait garde d'oublier les Séances de minuit, avec du rire (« Omar la fraise », comédie d'Elias Belkeddar avec Benoît Magimel et Reda Kateb) ou de la peur (« Acide », de Just Philippot, avec Guillaume Canet et Laetitia Dosch, des parents séparés et leur fille dans les pluies acides dévastatrices qui vont détruire la planète)...

En bref, une bonne proportion du meilleur du cinéma à venir dans les salles ces six prochains mois.

 

 

 

Renée Carton
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Source : Le Quotidien du médecin