À Paris, au musée Marmottan

Cézanne et l'Italie

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Publié le 09/03/2020
« Cézanne et les maîtres - Rêve d'Italie » : au musée Marmottan, des œuvres du peintre aixois sont mises en regard de celles de grands maîtres italiens. À la Fondation Custodia, des dessins de maîtres italiens de la Renaissance.
Paul Cézanne, « Château noir», 1905

Paul Cézanne, « Château noir», 1905
Crédit photo : RMN-GP/M. RABEAU

Ce n’est ni le Cézanne impressionniste, ni le précurseur du cubisme qui est exposé au musée Marmottan-Monet (1) avec une soixantaine de toiles. Ce n'est pas non plus sa vision d'un pays où il n'est jamais allé. C’est son regard sur la peinture des maîtres italiens des XVIe et XVIIe siècles. Une peinture « nouvelle » qui inspirera à son tour les artistes du Novecento.

L’Italie de Cézanne c’est sa Provence, sa culture latine et les peintres qu’il découvre au Louvre et dans les musées d’Aix-en-Provence. De Venise, il retient la touche qui donne la forme, la lumière et la couleur. C’est aussi le tragique du Tintoret avec ses compositions dynamiques, « la Descente de Croix », qui inspire « la Femme étranglée ». Ou le « Christ au jardin des oliviers » du Greco, élève de Titien, pour une scène religieuse. C’est de « la Déposition du Christ » de Ribera qu’il se rapproche le plus, avec « la Toilette funéraire ».

Des Romains, il garde l’équilibre, celui du paysage classique de Poussin, mais il veut « faire du Poussin sur nature  » en peignant ce qu’il voit. La Sainte Victoire, le Château-noir avec ses ruines romaines dialoguent avec les éperons rocheux du Latium du « Paysage avec Agar et l’ange ». Sa « Pastorale » renvoie aux nymphes du « Paysage avec Bacchus et Cérès » et la fusion des figures dans la nature ouvrent la voie aux « Baigneuses ».

Cézanne transpose dans son langage, dans une œuvre qui lui est propre, les formes et les couleurs, le mouvement et le silence, les pleins et les vides. C’est ce que découvriront peu après sa mort les peintres du Novecento, Carrà, Boccioni, Morandi, Soffici, Pirandello. Que ce soit pour les paysages, les figures ou les natures mortes, ils en adoptent la simplicité et le dépouillement. Un équilibre, une harmonie qui lie l’art antique et les primitifs, un lien entre le Moyen Âge et le modernisme. Un succès pour un artiste qui voulait « faire de l’impressionnisme quelque chose de solide et durable comme l’art des musées ».

Dessins de maîtres

Autre exposition aux couleurs italiennes, « Dessiner la figure en Italie, 1450-1700 », à la Fondation Custodia (2), les dessins italiens de la collection Frits Lugt, de la Renaissance au Baroque. La représentation du corps humain est à la Renaissance une préoccupation majeure des artistes, avec l’étude de la figure, la recherche d’expressivité, le lien des figures entre elles, leur insertion dans un cadre, la place de la lumière et des ombres. Autant de questionnements auxquels répondent 85 dessins de grands maîtres, dont Filippino Lippi, Andrea del Sarto, Barocci, les Carrache, Le Guerchin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Jusqu'au 5 juillet, marmottan.fr

(2) Jusqu'au 10 mai, fondationcustodia.fr

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin