Montgomery, Bechet, Azzola

Dans le rétroviseur

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Publié le 26/02/2018
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Jazz-Wes Montgomery

Jazz-Wes Montgomery

Jazz-Sidney Bechet

Jazz-Sidney Bechet

Sujet à l'aérophobie, Wes Montgomery (1923 ou 1925 selon les biographies-1968) a attendu de dépasser la quarantaine pour se rendre sur le Vieux Continent. La tournée fut l'objet de très nombreux enregistrements en direct, en raison de la place importante du guitariste dans l'histoire du jazz – instrumentiste majeur, acteur du be-bop à la technique très personnelle et spectaculaire, qui devait influencer George Benson, Pat Metheny, Sacha Distel ou encore Kenny Burrell.

De ces captations, la plus emblématique demeure celle gravée le 27 mars 1965 par l'ORTF lors du concert donné au Théâtre des Champs-Élysées à Paris. Souvent piratée, elle est proposée officiellement pour la première fois, avec la collaboration de l'INA, assortie d'un superbe livret comprenant des photos rares de Jean-Pierre Leloir, sous le titre « Wes Montgomery - In Paris, The Definitive ORTF Recording » (2 CD Resonance Records/Bertus).

Accompagné d'Harold Mabern (piano), Arthur Harper (contrebasse) et Jimmy Lovelace (batterie), plus un invité de marque sur trois morceaux, le saxophoniste-ténor Johnny Griffin alors installé à Paris, le guitariste enflamme l'assistance et les sens. Grâce notamment à sa reprise survoltée d'« Impressions », une composition de John Coltrane. Pour ces moments historiques d'une exceptionnelle intensité, pour cette leçon de jazz et pour la mémoire d'un Wes Montgomery impérial, ce double CD est un joyau indispensable.

Des immortels

Dans l'inconscient, évoquer Sidney Bechet (1897-1959), c'est automatiquement se référer à ses dernières années passées en France, quand il faisait casser les fauteuils de l'Olympia, et à ses succès d'alors, comme la célèbre « Petite Fleur ». Certes, ce fut une époque bénie pour le clarinettiste/saxophoniste soprano, qui soulevait et faisait danser les foules, avec son complice Claude Luter et ses mélodies aux titres si français (franchouillards ?). Mais il faut également se rappeler les années antérieures et c'est ce que permet « Sidney Bechet - The Quintessence vol. 2 - New York-Paris-Boston 1944-1958 »(Frémeaux & Associés).

Si sa collaboration avec Claude Luter et André Réwéliotty, un autre de ses disciples français, est très présente, figurent aussi des rencontres avec Bunk Johnson, Teddy Buckner (trompette), Milton Mezz Mezzrow (un clarinettiste au jeu approximatif), Lil Hardin-Armstrong (piano, Mme Louis) ou Sammy Price (piano). Le parcours d'un jazzman hyperpopulaire. Encore aujourd'hui !

Toujours dans l'inconscient, mentionner le nom de Marcel Azzola, 90 ans, c'est revenir aux Trente Glorieuses, aux bals musette, à une certaine insouciance et à ce cri du cœur lancé par Jacques Brel lors de l'enregistrement de « Vesoul » : « Chauffe Marcel ! ». Cependant, il ne faudrait pas oublier que ce virtuose de l'accordéon a eu l'occasion de jouer avec de grands musiciens comme Stéphane Grappelli, Django Reinhardt, Maurice André, et d'accompagner notamment Yves Montand, Juliette Gréco et Mouloudji. « Marcel Azzola - 1951-1962 » (Frémeaux & Associés) passe en revue ses propres compositions, les classiques du musette, de la musique dite « savante » qu'il affectionnait, de la chanson, et sa reprise de standards internationaux. Un immortel du piano à bretelles.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9643