« Synecdoche, New York », « Duplicity »

Déceptions

Publié le 31/03/2009
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DE CHARLIE KAUFMAN, le scénariste déjanté de « Dans la peau de John Malkovich » et « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », on était en droit d'attendre beaucoup. « Synecdoche, New York » est une déception, non par manque d'idées mais par trop plein.

Au départ, Kaufman devait écrire un film d'horreur pour Spike Jonze. Puis, les idées ne cessant de se multiplier, le scénario a évolué pour n'avoir plus grand-chose à voir avec le concept original. Et le scénariste a décidé de passer lui-même à la réalisation. Le personnage principal de « Synecdoche » (figure de rhétorique consistant à prendre la partie pour le tout ou le tout pour la partie, comprenne qui pourra), un metteur en scène de théâtre sans gloire, a bien des angoisses qui peuvent être celles du réalisateur. Sa femme le quitte et il ne se sent pas très bien. Bénéficiant d'une bourse prestigieuse, il entreprend de monter, dans un grand entrepôt new yorkais, un spectacle qui ne cessera jamais d'être en construction.

La première demi-heure est plutôt drôle et le grand comédien qu'est Philip Seymour Hoffman peut faire accepter beaucoup de choses au spectateur. Ensuite, cela se gâte, avec l'apparition de divers avatars du héros et des femmes de sa vie. Au final, on ne sait plus qui est qui, de l'acteur qui joue l'acteur qui personnifie l'acteur qui interprète le metteur en scène ou quelques femmes de sa vie (Samantha Morton, Michelle Williams, Catherine Keener, Emily Watson, Dianne Wiest). Cela devient même franchement lourd et inutile. La boursouflure de l'imagination avait déjà gâté « Adaptation », tourné par Spike Jonze. Il faut sans doute à Kaufman un metteur en scène qui puisse cadrer son indéniable talent.

De la lourdeur, il y en a aussi dans « Duplicity ». Cette histoire d’espionnage industrielle repose sur l’idée simple, a priori, que les deux protagonistes, les séduisants Julia Roberts et Clive Owen, ne savent jamais si l’autre leur ment ou non. Ce sont des as dans leur partie et ils travaillent pour deux rivaux dans le domaine de la cosmétique. Les premiers retournements de situation amusent, les suivants lassent. Et finalement, nous deux acteurs n’ont pas grand-chose d’autre à faire que de parcourir les rues de New York, de Rome et de quelques lieux exotiques. Et ce n’est pas parce qu’on va d’un continent à l’autre, que le film a du rythme. Mention spéciale cependant aux rôles secondaires, Paul Giamatti, Tom Wilkinson, Richard Jenkins.

RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr