ARTS - Au Centre Pompidou

Edvard Munch, un peintre moderne

Publié le 30/09/2011
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Crédit photo : ADAGP

LE TRAITEMENT des sujets et de l’espace est résolument moderne. « Les Travailleurs rentrant chez eux » ou « le Cheval au galop » (1910) semblent traverser le tableau grâce à des etravailleursffets de perspective donnant ainsi une présence très dynamique au premier plan. L’ensemble est cadré comme une vue de cinéma ou une photo de magazine. Une relation très forte est créée entre la toile et le spectateur.

C’est aussi ce qu’on retrouve dans « la Chambre verte », inspirée des décors de théâtre de Strindberg et de Max Reinhardt, pour lequel il a réalisé des esquisses de mise en scène. S’ajoute aussi dans cette série une obsession du motif, comme la recherche d’une première sensation. Il reproduit plusieurs fois une femme nue, en pleurs devant un lit, jusqu’à en faire une sculpture qu’il destine à sa tombe. Cette répétition du motif est différente de celle de « la Puberté » (1894-1895 et 1914-1916), « le Baiser » (1893 et 1914), « l’Enfant malade » (1896 et 1925), où il autonomise pendant plusieurs années le sujet et travaille davantage sur la notion très moderne de reproductibilité de l’œuvre.

Munch est aussi fasciné par les rayonnements. Dans « le Soleil » (1910-1913), la lumière est une manifestation des ondes magnétiques qui, selon lui, animent le monde et « les Femmes aux bains » (1917) sont transparentes, traversées par les rayons X.

L’actualité est aussitôt retranscrite sur la toile, une manifestation ouvrière à Oslo, un incendie. Dans ses autoportraits, terrains d’expérimentation formelle et visuelle, il déroule sa vie en photos, dans sa ville, sa maison, seul ou avec ses tableaux, avec lesquels il fait corps. En peinture, avec près de 40 toiles les quatre dernières années de sa vie, il pousse l’observation à l’extrême en peignant les formes qu’il observe à travers son œil victime d’une hémorragie dans le vitré. Il représente son regard, sa vision elle-même.

« Edvard Munch, l’œil moderne », Centre Pompidou (www.centrepompidou.fr), de 11 à 21 heures (nocturne le jeudi jusqu’à 23 heures), fermé le mardi. Jusqu’au 9 janvier. Catalogue, 320 p., 300 illustrations, 44,90 euros.

CAROLINE CHAINE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9015