Arrigo Boito (1842-1918) est surtout connu comme un des librettistes majeurs de Giuseppe Verdi, pour qui il a rédigé « Otello », « Falstaff » et la seconde version de « Simon Boccanegra », et pour « La Gioconda » d’Amilcare Ponchielli. « Mefistofele », son opéra d’après Goethe, a ceci de remarquable et d’unique qu’il s’inspire des deux parties de « Faust » et qu’il met l’accent sur le personnage de Méphistophélès.
Àlex Ollié et le collectif catalan La Fura dels Baus complètent avec ce « Mefistofele », coproduit avec le Staatstheater de Stuttgart un parcours dédié au mythe faustien, parcours qui passe par les deux grandes œuvres lyriques de Berlioz et de Gounod, l’adaptation de Stravinski (« l’Histoire du Soldat », sur la même scène) et par le théâtre et le cinéma, avec respectivement « F@ust 3.0 » et « Faust 5.0 ».
Mais alors qu’à Orange, Jean-Louis Grinda, le nouveau directeur des Chorégies, avait joué la clarté du premier degré pour faire découvrir l’œuvre, Àlex Ollé perd le public en mélangeant genres et époques et en noyant dans des espaces immenses les quelques moments d’intimité qui sont la force de cette partition touffue et inégale. Quelques scènes, comme le Sabbat de Walpurgis, y gagnent en spectaculaire, en grande partie grâce aux éclairages virtuoses d’Urs Schönenbaum. D’autres, comme le Jardin transformé en cabaret ou la Descente aux enfers de Marguerite sur une chaise électrique sont ridiculisées.
La technologie du décor, avec ses doubles fonds en miroir, ses niveaux multiples escamotables et de grands escaliers façon échafaudages, permet un déploiement spectaculaire des choristes et figurants mais perd le regard du spectateur et le détourne du fil de l’action et sur la musique. Avec en outre une direction d’acteurs rudimentaire, Àlex Ollé n’a pas retrouvé l’équilibre fragile entre musique et grand spectacle qui avait fait en 1997 le succès de sa « Damnation de Faust » salzbourgeoise.
Une réussite musicale
Musicalement, c’est en tout cas une belle réussite, avec un Orchestre de l’Opéra de Lyon très inspiré dramatiquement sous la direction de Daniele Rustioni, qui enrichit progressivement le volet italien du répertoire de ce théâtre. Magnifiques, les chœurs et la maîtrise maison dans cette œuvre qui leur fait la part si belle.
John Releya est un Mefistofele imposant, à la voix pleine et aux graves puissants ; dommage que le dispositif lui fasse perdre un peu de sa crédibilité dramatique. C'est le cas aussi de Paul Groves, d’autant qu’il n’a pas ou plus les moyens requis pour les deux premiers actes. Evgenia Muraveva, touchante Marguerite, a des moyens étincelants mais prend de curieuses libertés avec la partition, notamment dans « L'altra notte in fondo al mar », air immortalisé par Maria Callas. Très remarquables seconds rôles, la Marthe d’Agata Schmidt et surtout le Wagner de Pater Kirk.
Jusqu’au 23 octobre. Prochain spectacle à l'Opéra de Lyon : « L’Heure espagnole » de Ravel, du 17 au 21 novembre. Tél. 04.69.85.54.54, www.opera-lyon.com
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