Les romans policiers de l'automne

Héros récurrents ou figures fugaces

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Publié le 29/10/2021
Solitaires ou en duo, certains héros de romans policiers se retrouvent comme des amis. On aime aussi approcher d’autres personnages, même de passage.

Premier titre d’une série à paraître dans la « Série Noire », « le Sniper, son wok et son fusil » est signé du Taïwanais Chang Kuo-li, journaliste, linguiste, historien, poète et dramaturge, auteur d’une trentaine de livres. L’intrigue politico-policière mêle la course éperdue à travers l’Europe d’un tireur d’élite et l’enquête placide d’un flic à quelques jours de la retraite, sur la mort de deux officiers que la hiérarchie voudrait qualifier de suicides. Un polar savoureux par un auteur qui met son grain de sel dans l’affaire des frégates de Taïwan, dans les années 1990. (Gallimard, 357 p., 19 €)

* Figure éminente du polar en Italie depuis « le Chuchoteur », son premier roman, Donato Carrisi campe, dans « Je suis l’abysse », un héros qui a choisi d’être éboueur pour mieux cacher ses blessures venues du passé. Peut-être aussi pour accéder aux déchets et aux secrets des autres ? (Calmann-Lévy, 346 p., 21,90 €)

* Après un doctorat en littérature, Juan Carlos Méndez Guédez s’est installé en Espagne, mais son Venezuela natal est omniprésent dans ses nombreux romans (« les Valises »). « La Vague arrêtée » nous mène à Caracas, où la fille d’un homme politique madrilène est retenue prisonnière. Dans la ville devenue peut-être la plus dangereuse du monde, l’enquêtrice chevronnée devra utiliser aussi ses dons de sorcière et ses intuitions. (Métailié, 294 p., 22 €)

* Le plus célèbre auteur de romans policiers norvégien, Jo Nesbo, a délaissé son personnage de détective hors normes Harry Hole, pour créer, avec « Leur domaine », un huis-clos familial irrespirable, bien qu’il se déroule en montagne. Le récit tourne autour de deux frères. L’un est resté au pays après le décès accidentel de leurs parents. L’autre, après avoir vécu longtemps à l’étranger, revient avec une épouse ravissante et le mirifique projet de construire un hôtel de luxe – avec l’appui financier de la communauté. Quand les secrets enfouis révèlent de nouvelles tragédies. (Gallimard, 636 p., 22 €)

* Récompensé par les prestigieux Dashiell Hammett Prize et Shamus Award, « les Samaritains du Bayou », de Lisa Sandlin, nous plonge dans une petite ville du bayou texan, au début des années 1970. Une ex-taularde (elle a tué un des deux hommes qui l’ont violée), qui forme avec un privé néophyte un duo détonnant, se met en tête de débusquer son second violeur et de se venger. (Belfond, 331 p., 22 €)

* Réputé pour ses romans déjantés (« Derniers mètres jusqu’au cimetière »), le Finnois Antti Tuomainen nous entraîne « Au fin fond de la petite Sibérie », où une météorite, tombée du ciel, est censée valoir une fortune. Le pasteur, qui en a la garde, devient la cible de tous les criminels et autres chasseurs de trésors. Mais en tant qu’ancien aumônier militaire, il n’est pas totalement désarmé ! (Fleuve, 315 p., 19,90 €)

En vitrine aussi

* « Le Passager sans visage », de Nicolas Beuglet, nouvelle enquête de l’inspectrice écossaise Grace Campbell (« le Dernier Message »). Allant se confronter au secret qui la hante depuis l'enfance et croisant un conte tout aussi glaçant, elle nous met face aux puissants de ce monde ; lesquels sont aussi, parfois, des monstres sans visage (XO, 361 p., 19,90 €)

* « Gagner n’est pas jouer », de Harlan Coben, de l’art de se renouveler avec le même brio. Dans ce 33e opus, le héros est Windsor « Win » Horne Lockwood III, le meilleur ami de son personnage fétiche, Myron Bolitar, un riche héritier à tendance sociopathe et expert en arts martiaux. L’heure est venue de faire justice lui-même. (Belfond, 395 p., 22,50 €)

* « L’Autre Bout du fil », d’Andrea Camilleri, roman de la série consacrée au commissaire Montalbano (elle en comporte 36), dicté par l’auteur, frappé par la cécité, avant sa disparition en 2019. On y retrouve, après qu’une couturière de sa connaissance a été assassinée à coups de ciseaux, la verve du conteur sicilien. (Fleuve, 285 p., 19,90 €)

« Minuit, dernière limite », de Lee Child, 23e aventure de la série « Jack Reacher ». Le héros se rend dans les déserts du Wyoming pour retrouver la propriétaire d’une bague de West Point et la lui rendre. Si elle est en vie. (Calmann-Lévy, 424 p., 22,50 €)

« Trompe-l’œil », d’Anne Mette Hancock : après « Fleur de cadavre », prix de la révélation du polar danois 2017, la journaliste Héloïse Kaldan et l’inspecteur Erik Schäfer enquêtent sur la disparition d’un jeune garçon sujet à la paréidolie et sur les illusions d’optique en tout genre. (Albin Michel, 376 p., 21,90 €).

« Sans passer par la case départ », de Camilla Läckberg : après 10 enquêtes où brillent la romancière Erica Falck et l’inspecteur Patrik Hedström, ce roman indépendant, un huis-clos bref et percutant, met en scène quatre adolescents des beaux quartiers qui trompent leur ennui en allant au bout d’une partie d’Action ou Vérité. (Actes Sud, 100 p., 11,90 €)

« À la lumière de la nuit », d'Ilaria Tuti, troisième volet de la série autour du commissaire Teresa Battaglia (« Sur le toit de l’enfer »). Le récit ravive les événements de 1995, quand, à l’issue de la guerre de Yougoslavie, des émigrés bosniaques ont traversé la frontière qui sépare l’actuelle Slovénie de l’Italie, le pays de l’auteure. (Robert Laffont, 226 p., 18,90 €)

Martine Freneuil
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Source : Le Quotidien du médecin