Que l’on aime ou non la danse contemporaine, Merce Cunningham est incontournable. Dans les années 1950 à New York, il a cristallisé autour d’un langage chorégraphique totalement nouveau toutes les facettes de la modernité ambiante. Pour libérer les corps, Martha Graham, la prêtresse de la modern dance, dont il avait été l’élève, était bien sûr passée par là. Cunningham, lui-même danseur prodigieux, bondissant comme personne à l’époque, a convoqué pour établir son œuvre des artistes comme John Cage, Marcel Duchamp, Brian Eno, Morton Feldman, Roy Lichtenstein ; il a introduit l’aléatoire dans la danse, utilisé le cinéma, l’informatique…
Grâce au flair de Michel Guy, le Festival d’Automne à Paris l’avait fait découvrir à la France et à l’Europe. Il lui rend aujourd'hui hommage en convoquant dans différents lieux de la capitale les troupes qui ont à leur répertoire quelques-unes de ses œuvres majeures. Ainsi le CCN–Ballet de Lorraine était à Chaillot mi-octobre et reviendra au Centre national de la Danse ainsi qu’à Bezons et Nanterre avec « Rain Forest » fin novembre. Le Conservatoire national supérieur de Paris présentera le 30 novembre à La Villette le spectacle « Cunningham X 100 ». Le Ballet de l’Opéra de Lyon viendra du 14 au 20 novembre au Théâtre du Châtelet (Théâtre de la Ville hors les murs) danser trois pièces entrées récemment à son répertoire, « Summerspace », « Exchange » et « Scenario », qu’il donnera aussi à Lyon du 1er au 3 novembre avant de revenir au Centquatre-Paris du 18 au 21 décembre avec « Winterbranch ».
Trois grandes compagnies
La soirée la plus exceptionnelle de cet hommage a eu lieu au Théâtre de Chaillot, avec, pour montrer trois facettes aussi dissemblables que possibles de l'œuvre du chorégraphe, trois compagnies prestigieuses : le Royal Ballet de Londres, l’Opera Ballet Vlaanderen d’Anvers et le Ballet de l’Opéra national de Paris.
Le premier a montré la face la plus humoristique de Cunningham avec « Cross Currents » (1964), une pièce de sept minutes pour trois danseurs, magnifiquement enlevée par Romany Pajdak, Julia Roscoe et Joseph Sissens sur « Rythm Studies for Player Piano » de Conlon Nancarrow.
Une bouffée d’oxygène entre deux pièces plus consistantes. « Pond Way », créée en 1998 à Paris, repris avec une virtuosité stupéfiante par l'Opera ballet Vlaanderen, fresque aérienne sur une musique planante de Brian Eno, dans une scénographie admirable de Roy Lichtenstein. Et « Walkaround Time », longue pièce entrée en 2017 au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, rébus en forme de manifeste dadaïste inspiré par Marcel Duchamp (« Le Grand Verre » ou « La Mariée mise à nu par ses célibataires, même »). Habillés par Jasper Johns, les danseurs sont entrés dans cet univers étrange et daté avec une aisance confondante, réussissant presque à en gommer les longueurs.
Un film documentaire d'Alla Kovgan, intitulé simplement « Cunningham », sortira en France le 1er janvier, retraçant, avec ses derniers danseurs et dans une inutile 3D, l’aventure à New York de la Compagnie fondée en 1953.
Festival d’Automne à Paris, jusqu’au 31 décembre. Tél. 01.53.45.17.00, www.festival-automne.com
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