Une violoniste danoise, un pianiste norvégien

Jazz, cap au nord

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Publié le 29/04/2022
Voyage jazzy avec la violoniste danoise Line Kruse et le pianiste norvégien Tord Gustavsen.
Line Kruse

Line Kruse
Crédit photo : ISAK HOFFMEYER

* Depuis plus de cinquante ans, les musiciens nordiques ont développé leur propre école de jazz. Entre les traditions musicales locales et afro-américaines, sachant que nombre de jazzmen US se sont installés dans certains de ces pays il y a des décennies. Violoniste, compositrice, arrangeuse et cheffe d'orchestre danoise, Line Kruse, qui partage son temps entre Paris et Copenhague, partage aussi ses aspirations musicales entre le patrimoine de son pays, le jazz et les musiques brésiliennes, sud-américaines et cubaines.

Dans « Band » (In Focus Music/Continuo Musique/UVM Distribution), son nouveau et sixième disque, la leader, à l'archet mélodique et survolté, effectue un retour vers ses racines, avec deux titres du compositeur danois Carl Nielsen, et influences. Elle a fait appel à plusieurs sources musicales : son septet danois très ancré dans le jazz, des cordes plus classiques et des vocalistes, dont Caecilie Norby, réputée au Danemark, et le chanteur islandais Helgi Jonsson, plus des invités, comme le très parisien percussionniste argentin Minino Garay. La combinaison de ces ensembles et de ces éléments conduit à une musique hybride, à la croisée des mélodies. Le tout éclairé et enflammé par une instrumentiste au phrasé à la fois délicat, riche et puissant. (En concert le 18 mai au Bal Blomet à Paris)

* Délicate est le terme qui s'applique à la musique de Tord Gustavsen. Comme beaucoup de ses compatriotes norvégiens, le claviériste (piano et électronique) cherche son inspiration et sa créativité dans la mélodie, souvent éthérée et minimaliste, en s'appuyant sur de longues séquences d'improvisations, toutes aussi aériennes, voire irréelles. Et c'est plutôt en caresseur de touches qu'en marteau-pilon ravageur qu'avec son admirable trio (Steinar Rakness, contrebasse, électrique, Jarle Vespestad, batterie) il a gravé « Opening » (ECM/Universal Music).

Une musique en équilibre entre contemplation et suspension, affinée et soutenue par des effets sonores aux allures spatiales. L'impression que le temps se serait arrêté, comme figé dans les compositions personnelles du leader (10), agrémentées de deux reprises d'hymnes folkloriques locaux. La cohésion du trio, même avec un tout nouveau contrebassiste, est la base et l'origine de ce voyage musical et de cette ouverture interactive si proprement scandinave.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin