Chute du sujet âgé

La prévention par l'activité physique

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Publié le 21/11/2016
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PREVENTION

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Crédit photo : PHANIE

Face à un patient âgé victime d'une chute, le médecin traitant doit procéder à un interrogatoire et un examen minutieux. Il s'agit d’abord de diagnostiquer les conséquences graves (fractures ou autres lésions traumatiques) nécessitant une prise en charge rapide. Même en l’absence de conséquences somatiques immédiates, la chute peut modifier le cours de la vie du patient. « Les personnes âgées qui sont tombées ont parfois très peur de tomber à nouveau ; elles réduisent leurs activités. Le médecin doit alors prendre des mesures pour remettre le patient en activité : prise en charge intensive avec un kinésithérapeute, voire hospitalisation dans un service de soins de suite et de réadaptation (SSR) où l’on connaît bien le syndrome post-chute », souligne le Pr François Puisieux (CHRU de Lille).

Les chutes à répétition, même bénignes, doivent également alerter le médecin traitant car elles témoignent le plus souvent d'un trouble de l'équilibre et de la marche. Pour les patients à haut risque de chute (antécédent de chutes multiples et/ou de chutes graves) la prise en charge est désormais bien codifiée. « Le médecin traitant ou les équipes gériatriques doivent rechercher les facteurs de risque modifiables -traitement comportant plusieurs psychotropes, maladie de Parkinson non traitée, facteurs environnementaux (chaussage inadapté, WC. trop bas…)- afin d’en proposer les corrections. Il doit également rechercher une éventuelle fragilité osseuse ou un déficit en vitamine D », précise le Pr Puisieux.

Modifier l'hygiène de vie

Les patients à haut risque de chute doivent presque toujours être pris en charge, dans un premier temps, par des professionnels de la rééducation (kinésithérapeutes, voire ergothérapeutes et psychomotriciens). Après amélioration, ils peuvent être orientés vers d’autres activités physiques à domicile ou en groupe. « En revanche, lorsque le patient n'est tombé qu'une seule fois, qu'il n'a pas eu de fracture et qu'il n'a rien changé à sa façon de vivre, que l’examen ne montre pas de trouble de l’équilibre, le médecin lui recommande d'adopter des règles d'hygiène de vie : manger équilibré, pratiquer une activité physique adaptée et veiller à réduire sa consommation de psychotropes, s’il en prend… », indique le Pr Puisieux.

Les bénéfices d’une activité physique régulière à tout âge sont désormais bien démontrés. Chez la personne âgée, elle contribue à prévenir la chute et a des effets très favorables sur l'équilibre, la marche et la force musculaire. « La natation, le vélo et la marche sont excellents pour la santé mais ne suffisent pas à réduire le risque de chute. Certaines activités physiques sont davantage bénéfiques pour prévenir les chutes : gymnastique, Taî-Chi, danse… », confie le Pr Puisieux. Par ailleurs, l'activité physique permet à la personne âgée d'être plus à l'aise dans son corps, de sortir plus, de maintenir du lien social. « L’activité physique, c’est bon pour tout et à tout âge. Les fonctions cérébrales, cardiovasculaires et pulmonaires sont également nettement améliorées par la pratique d’une activité physique », conclut le Pr François Puisieux.

D'après un entretien avec le Pr François Puisieux, CHRU de Lille

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9536