« Une famille brésilienne »

La violence n’est pas une fatalité

Publié le 17/03/2009
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DU BRÉSIL, le cinéma ne nous montre souvent que la violence. Walter Salles et Daniela Thomas, douze ans après « Terre lointaine », ont voulu aller plus loin et « faire un film âpre, mais où les gens pourraient, pour une fois, ne pas être jugés d'avance ». Pour cela, s'inspirant de quatre histoires puisées dans la réalité brésilienne, ils nous entraînent à Saô Paulo, 20 millions d'habitants, à la suite des quatre fils de Cleusa, femme de ménage qui les a eus de pères différents et est à nouveau enceinte. Chacun représente un problème et une façon, bonne ou mauvaise, de tenter de s'en sortir, à l'image d'un pays « en état d'urgence et en crise identitaire », selon le diagnostic des deux cinéastes.

Reginaldo, le plus jeune et le plus noir de peau, qui subit les insultes racistes de moins foncés que lui, recherche obstinément son père. Dario rêve d'une carrière de footballeur, comme beaucoup de jeunes Brésiliens - chaque année, 2 millions de garçons de 15-17 ans essaient d'entrer dans les clubs de 2 e ou 3 e division, moins de mille y parviennent -, mais il va avoir 18 ans, l'âge couperet. Dinho, lui, cherche refuge auprès de Jésus, dans une église évangéliste. Tandis que l'aîné, Dênis, déjà père, gagne difficilement sa vie comme coursier et est tenté par la délinquance.

Loin de toute théorie, les deux réalisateurs parviennent à faire partager les angoisses et les espoirs des quatre garçons et de leur mère. Pas de démonstration, de dialogues explicatifs, juste des moments marquants, ceux de choix qui peuvent justement les faire basculer, ou non, du côté de la violence. On y croit grâce à la mise en scène vive et précise, aux acteurs, des débutants, à l'exception de Vinicius de Oliveira, le gamin de « Central Do Brésil », tourné par Salles en 1997, et au tournage au milieu d'authentiques habitants de la ville, voisins, footballeurs, coursiers…

R. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr