Renouvellement de générations

Le blues montre ses muscles

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Publié le 21/10/2019
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Il y a longtemps que le blues n'est plus l'apanage du sud des États-Unis. Un « vétéran » américain de 55 ans et deux jeunes gens, un Anglais et un Français, en sont des exemples plutôt musclés.
Lucky Peterson

Lucky Peterson
Crédit photo : FLORIAN DUBOE

En quittant le delta du Mississippi pour Chicago voici quelques décennies, le blues s'est bodybuildé : guitares électriques, cuivres et anches, batterie et percussions. Une nouvelle tradition dont a hérité Lucky Peterson, guitariste/organiste et chanteur.

Lui qui a croisé la route de Muddy Waters, Buddy Guy, Jimmy Reed et autres pionniers du genre, affiche un demi-siècle de carrière à seulement… 55 ans ! Et propose dans son nouvel album, « Just Warming Up » (Jazz Village/PIAS), une sacrée séance d'échauffement, avec un blues plus qu'électrique, rehaussé par une section de cuivres gonflée à bloc. Dans ses morceaux originaux et ses reprises, l'auditeur croise les esprits de Jimmy Smith, des trois King (B.B., Albert et Freddie), mais aussi le funk, le rhythm'n'blues, le gospel (« Amazing Grace/Precious Lord ») voire le reggae. Un cocktail explosif qu'il présentera le 9 décembre au New Morning à Paris.

Un enfant du British Blues

Il y a un peu plus de 50 ans justement, le British Blues fut à l'origine de la redécouverte des bluesmen du Sud, mais aussi de la carrière de certains des plus grands musiciens et groupes britanniques, des Rolling Stones à Cream (dont l'emblématique batteur Ginger Baker, décédé récemment à l'âge de 80 ans) en passant par John Mayall notamment.

Aujourd'hui, Laurence Jones incarne cette filiation aux aînés du blues rock. Natif de Liverpool (tiens, tiens !), le jeune guitariste et chanteur de 27 ans, qui cumule les récompenses dans son domaine au Royaume Uni, est un suiveur de l'esprit et du style de Robin Trower (ex-Procol Harum), d'Eric Clapton ou de Buddy Guy. Ce qui a conduit ce surdoué de la guitare électrique, surnommé « le troubadour du blues rock anglais », à partager la scène avec le bluesman albinos Johnny Winter et Walter Trout.

Son dernier disque, « Laurence Jones Band » (Top Stop Music/Orchard), porte la marque et les ingrédients qui ont fait entrer le British Blues dans l'histoire : du mordant dans les riffs instrumentaux, une musique affûtée et massive ainsi que des braises vocales.

À découvrir le 7 novembre au Jazz Club Étoile de l'Hôtel Méridien, à Paris, le 8 à Villefranche-sur-Saône et le 9 à Fauville-en-Caux.

Dans la langue de Molière

Pour des raisons évidentes, la langue de Molière sied peu au blues. Cependant, après un précurseur comme Bill Deraime, voici la relève annoncée avec Rod Barthet. Le guitariste/chanteur/auteur-compositeur affiche, dans « Ascendant Johnny Cash » (Festivest/Socadisc), sa passion pour le blues rock et pour « l'homme en noir », chantre de la musique country (pourtant blanche !).

Onze titres, dont deux avec quatuor à cordes, sur lesquels il se promène dans le terroir américain avec une certaine jubilation vocale et des riffs de guitares solides et puissants. Ou comment un Frenchie audacieux arrive avec talent à s'approprier l'idiome de la communauté de la musique du diable. Il sera en concert le 21 novembre au Sunset à Paris.

 

 

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin