Le « livre noir » de la médecine : un ouvrage qui ne donne pas envie d'être malade, ni médecin

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Publié le 11/04/2016
livre noir de la médecine

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Pour un livre noir, c'est un livre noir. Dans cet ouvrage (*) coécrit par le Dr Dominique-Michel Courtois (qui collabore aux émissions de Julien Courbet sur RTL) et par son fils Maître Philippe Courtois, avocat spécialisé en droit médical, tout le monde ne prend pour son grade.

Les auteurs dénoncent tour à tour l'état de la médecine française, la complaisance des praticiens, la mauvaise gestion gouvernementale de la santé, la faillite des organismes de contrôle, les dérives du secret médical, et l'efficacité des génériques.

Dès le début de l'ouvrage (sous-titré « patient aujourd'hui, victime demain »), les auteurs donnent le ton, et préviennent le lecteur. « Vous êtes ou vous serez les consommateurs obligés, et peut-être les victimes, d'actes médicaux, ou de médicaments ». Certes, « être malade de la médecine est la pire des choses », comme ils l'écrivent.

Mais ils versent souvent dans le catastrophisme, dénonçant « une médecine robotisée, soumise aux exigences du marché, pressée de passer d'un patient à l'autre, et qui trop souvent se trompe, blesse et tue, faisant de plus en plus de victimes ». Et quand survient une erreur médicale, « c'est la loi du silence qui s'applique, laissant le patient seul et désemparé dans un dédale d'obstacles juridiques ».

« Des médecins trop complaisants »

Ces Zola du XXIe siècle n'en restent pas là. « Nous assistons aujourd'hui à un suicide de la médecine française », assènent-ils. Et aussi des médecins, à les lire, accusés d'être « trop complaisants » à l'égard de l'industrie pharmaceutique. Le texte évoque des visiteurs médicaux envahissants, alors que leur nombre a été divisé par deux en dix ans. Qu'importe, ces VM passent « régulièrement » visiter les praticiens. Ces derniers jouissent par ailleurs « souvent de cadeaux, de voyages, en général accompagnés de leur conjoint ». Les ORL sont carrément pointés du doigt, accusés d'être inondés de ces différents cadeaux par les principaux fabricants d'appareils auditifs. Ces derniers espèrent en retour une prescription larga manu de leurs équipements.

La prescription hors AMM mise en accusation

Dans la deuxième partie du livre, les auteurs passent en revue un certain nombre de scandales médicaux. Mediator, Diane 35 ou Pradaxa sont longuement évoqués. Ce chapitre est à nouveau l'occasion de pointer du doigt les praticiens, accusés de faire le lit de ces affaires « en prescrivant des médicaments hors AMM en toute connaissance de cause afin que leurs patients bénéficient d'un remboursement illégal par la Sécurité sociale ».

Dans sa dernière partie, le livre s'adresse plus aux usagers qu'aux médecins. Sous le titre « que faire en cas de suspicion d'erreur médicale », les auteurs balisent le parcours du combattant du patient victime. Ils y détaillent comment réaliser une transaction amiable avec le praticien mis en cause, et en cas d'échec, comment recourir à la voie judiciaire. Cette dernière partie, plus encore que les précédentes, donne l'impression d'avoir été rédigée par l'avocat, et non par le médecin.

(*) : « Le livre noir de la médecine », Ed. Albin Michel. 278 pages, 19 euros. En librairie à partir du 14 avril.


Source : lequotidiendumedecin.fr