« Stallone » et « Marilyn, ma grand-mère et moi », au Petit-Saint-Martin

Le punch des filles

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Publié le 28/01/2022
Clotilde Hesme d’une part, Céline Milliat-Baumgartner de l’autre, pour deux beaux moments de théâtre. Dans la même salle parisienne, le Théâtre du Petit Saint-Martin.
« Stallone »

« Stallone »
Crédit photo : HUMA ROSENTALSKI

On a découvert « Stallone » dans une salle du 104, il y a plus de deux ans, en octobre 2019. Comédienne de grand caractère, Clotilde Hesme a adapté, avec le cinéaste Fabien Gorgeat, le beau livre de la regrettée Emmanuèle Bernheim. Ce livre datait de 2002 et racontait un grand tournant dans la vie d’une jeune femme. Après avoir vu le film « Rocky III », découvrant Sylvester Stallone, elle changeait d’orientation et reprenait des études de médecine abandonnées après deux années. Elle retournait chez ses parents pour reprendre ses livres, ses polycopiés. Elle soulevait la circonspection sinon l’ironie de ses proches. Mais elle s’accrochait. Réussissait.

Pour incarner Lise et son combat, Clotilde Hesme n’est pas seule : le musicien Pascal Sangla l’accompagne et dessine brièvement quelques personnages, d’une phrase ou deux. L’adaptation préserve le style même du livre d’Emmanuèle Bernheim, sa plume incisive, vive, et la mise en scène de Fabien Gorgeat est claire, la direction de jeu ferme. C’est très sensible et puissant et l’on est heureux qu’un large public puisse découvrir cette production dont le développement a été entravé par les confinements.

Même situation pour « Marilyn, ma grand-mère et moi », écrit et interprété par Céline Milliat-Baumgartner. Elle avait composé, avec « les Bijoux de pacotille », un texte bouleversant dans lequel elle évoquait le destin de ses parents, morts jeunes dans un accident de voiture. Son grand-père maternel, médecin de grande réputation, et sa grand-mère, avaient élevé la petite fille et son frère. On change de registre avec ce nouveau texte, plus léger, mais avec des accents de gravité. Elle est accompagnée d’un partenaire musicien, Manuel Peskine.

Un piano, une grande armoire à secrets, une petite piste ronde, des lumières de music-hall : Valérie Lesort signe une mise en scène délicate. Elle laisse affleurer toutes les couleurs de ce récit assez cocasse où Marilyn et la grand-mère sont liées par le fait qu’elles étaient nées en mai 1926… Dans sa petite robe blanche, Céline Milliat-Baumgartner est délicieuse, irrésistible.

Le meilleur du théâtre se tient dans ces formes brèves, soutenues par des faisceaux de talents profonds. Une vitalité qui fait du bien. (Petit Saint-Martin, « Stallone » à 19 heures, « Marilyn, ma grand-mère et moi » à 21 heures. Tél. 01.42.08.00.32, petitstmartin.com)

 

 

 

 

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin