Sélection de beaux livres (3)

Le temps des voyages

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Publié le 16/12/2022
Le voyage est réel, dans la ville, sur le Nil, ou dans la nature. Il est artistique, dans le fantastique noir, les années 1980-1990 ou l’Art déco, voire aux frontières de l’image et du texte. Il peut aussi évoquer la lutte des femmes ou l'Anthropocène.

« Black Infinity. L’Art du fantastique noir »

Près de 300 œuvres d’art de 120 artistes sont rassemblées par Ekow Eshun pour découvrir ce mouvement initié il y a plusieurs décennies, affranchi des représentations occidentales du progrès et de la modernité. Photographie, arts plastiques, mode, architecture, cinéma, littérature et culture populaire révèlent l’énergie émancipatrice des artistes pour repenser les notions de race, de genre, d’identité. Les œuvres, en hybridant histoire, mythe, pratiques spirituelles et mémoire de l’esclavage, expriment le désir d’un futur libéré des oppressions. (Textuel, 304 p., 49 €)

« Une histoire photographique des femmes au XXe siècle »

Le combat des femmes pour leur liberté continue, sanglant, dans de nombreux pays. Mais comment les Françaises ont-elles lutté, au siècle dernier, pour s’émanciper et offrir à leurs filles un meilleur avenir ? C’est ce que raconte cet album à travers 300 photographies rassemblées par l’agence Roger-Viollet et légendées, retraçant la destinée de femmes anonymes ou célèbres qui ont eu la détermination d’affronter leur époque. Presque un album de famille. (Gründ, 245 p., 37,95 €)

« Le Rire urbain »

Sous-titré « Quand le street art fait de l’humour », le livre brosse le portrait d’une trentaine d’artistes (Banksy, Blu, Ella&Pitr, Jace, Levalet, Madame, Miss. Tic, Seth… ), qui, par le détournement visuel, font naître des images et des situations cocasses, poétiques et joyeuses, ou bien inquiètes et furieuses. Des parenthèses éphémères, enchantées ou teintées d’humour noir, qui donnent de l’esprit aux lieux. (Alternatives, 240 p., 28 €)

« Pas un jour sans une nuit »

Le travail d’Olivier Christinat est d’explorer les territoires de l’image, de montrer comment, aux frontières indéfinies de celle-ci, le texte apparaît ; ou peut-être est-ce l’inverse. L’Ancien Testament en hébreu, « l’Énéide » de Virgile en latin, « la Divine Comédie » de Dante en italien et « la Métamorphose » de Kafka en allemand sont reproduits intégralement, mais presque invisibles. C’est la main de l’artiste qui fait le lien entre la photographie, le dessin et l’écriture. La maîtrise de ces trois modes d’expression lui a valu le prix Alfred Latour 2021. (Actes Sud, 200 p., 39 €)

«  Art déco. Égyptomanie »

Publié à l’occasion du centenaire de la découverte de la tombe de Toutankhamon et des 200 ans du déchiffrage de la pierre de Rosette, l’ouvrage, publié sous la direction de Jean-Marcel Humbert, montre comment l’égyptomanie a influencé l’Art déco. Architecture, sculpture, arts décoratifs et objets du quotidien, affiches, costumes pour les arts de la scène, publicité ou créations des grandes maisons de couture, partout fleurissent têtes d’Horus, ibis, chats, chacals ou fleurs de lotus. Plus de 300 illustrations en témoignent. (Norma, 304 p., 49 €)

« Une croisière sur le Nil »

La croisière à laquelle on est convié est hors du temps ; elle se déroule à bord du « Steam Ship Sudan », le dernier navire à vapeur croisant encore en Haute-Égypte, seul survivant d’une flottille établie par Sir Thomas Cook au début du XXe siècle. Elle est racontée par un collectif d’auteurs sous la direction de Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde et restaurateur de ce bateau tout de bois et de cuivre, que l’on admire en détail à côté de portfolios anciens et contemporains célébrant les trésors de l’Égypte. (Albin Michel, 260p., 49 €)

« Luxuriante Nature »

La faune et la flore exaltées grâce à une palette de couleurs éclatantes : la première monographie (Julia Hountou et Nicolas Le Brun) consacrée à l’art pluriel de Michaël Cailloux découvre ses œuvres, qui se déclinent dans des mises en scène ludiques et sophistiquées, des gravures à l’eau-forte et aquatinte aux « bijoux muraux » ciselés dans le cuivre, en passant par les décors et les illustrations. Un enchantement de luxuriance et de raffinement. (Delachaux et Niestlé, 160 p., 39,90 €)

« Nous avons mangé la Terre »

Le film est maintenant un livre, le « beau » livre d’un désastre annoncé, alors que près de 1400 milliards de tonnes de CO2 sont stockées dans la basse atmosphère. Jean-Robert Viallet et les chercheurs au CNRS Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz donnent à la catastrophe des responsables et des visages, en revisitant l’histoire de l’industrie, du charbon, du pétrole, de l’automobile, de l’impérialisme, des guerres mondiales, de la société de consommation et des luttes entre les grandes puissances. Un constat sans concession sur l’Anthropocène. (Seuil, 192 p., 29,90 €)

« Le Faucon de l’espoir »

Empoisonné par les pesticides et menacé par l’agriculture intensive, la crécerelle, ce petit rapace caractéristique du milieu rural, reconnaissable à son vol de chasse sur place, avait presque disparu. Après 30 ans d’efforts et d’engagements, il est de retour en France et en Suisse et incarne la réussite des efforts de conservation. L’histoire de ce succès est racontée par l'ornithologue Jacques Jeanmonod et le photographe naturaliste Benoît Renevey. (Salamandre, 160 p., 34 €)

« Requins, raies et chimères »

79 espèces de requins, 58 de raies et apparentées et 9 de chimères : les eaux de l’Atlantique nord-est et de la Méditerranée sont décidément très fréquentées ! David A. Ebert présente dans ce guide de terrain très illustré les 146 espèces qui vivent dans ces eaux, les critères d’identification, l’habitat, la biologie et le statut de conservation de chacune. (Delachaux et Niestlé, 384 p., 35,90 €)

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin