Quatre spectacles sur les scènes parisiennes

L’Histoire, de drame à comédie

Par
Publié le 03/02/2023
Danton, Robespierre, Saint-Just, et aussi Einstein, Chaplin, Maupassant et Natascha Kampusch sont en scène.
« La Mort de Danton »

« La Mort de Danton »
Crédit photo : CH. RAYNAUD DE LAGE/COMÉDIE-FRANÇAISE

* « La Mort de Danton » de Georg Büchner est une pièce qui date de 1835 et ne fut jouée que beaucoup plus tard. En France, c’est Jean Vilar qui la créa, dans la cour d’Honneur d’Avignon, dès 1948. On voit se dérouler les cinq jours qui précèdent l’exécution du député le 5 avril 1794. Le drame en quatre actes réunit Robespierre, Saint-Just, Camille Desmoulins, notamment. De grands metteurs en scène ont monté la pièce : Grüber en 1989, Ostermeier en 2001, Lavaudant en 2002, Vincent en 2003, Sivadier en 2005, Marthaler en 2006. Salle Richelieu, Simon Delétang installe l’action dans un décor unique, élégant, mais qui laisse s’envoler les voix et est noyé dans des lumières très sourdes. Une distribution forte, des scènes puissantes mais lourdes. Loïc Corbery est un Danton jouisseur, fasciné par le danger, Clément Hervieu-Léger un Robespierre sévère à souhait, Guillaume Gallienne est idéal en Saint-Just. Belles présences des femmes : la grisette de Marina Hands, Julie, épouse de Danton, par Julie Sicard, Lucile Desmoulins par Anna Cervinka. (Comédie-Française, jusqu’au 4 juin en alternance)

* Toute autre couleur pour la comédie à moirures graves d’Olivier Dutaillis, « Albert et Charlie ». Einstein et Chaplin se sont vraiment rencontrés. L’auteur imagine leurs interrogations, leurs discussions. Tout sonne assez juste, dans la mise en scène de Christophe Lidon. Daniel Russo, perruque blanche et profondeur, Jean-Pierre Lorit, qui ne cherche pas, lui non plus, à jouer le sosie, sont excellents et très finement accordés. Entre eux, savoureuse gouvernante du savant, l’épatante Elisa Benizio apporte une touche de légèreté, de fantaisie. (Théâtre Montparnasse, pas de date de fin)

* On retrouve un duo qui aime s’aventurer sur les terres des grands écrivains. Après Hugo, Kafka, voici « Maupassant, Octave et moi », très fine évocation de l’auteur. Sylvie Blotnikas a choisi quatre nouvelles et imaginé une situation très fertile qu’on vous laisse découvrir. Elle joue une belle protectrice face à un comédien vif et sensible qu’incarne Julien Rochefort. (Lucernaire, jusqu’au 19 février)

* Plus difficile est le face-à-face d’une jeune femme enfermée par un bourreau, dans « le Syndrome de l’oiseau ». Le dramaturge Pierre Tré-Hardy s’est inspiré de l’histoire atroce de Natascha Kampusch, enlevée à 10 ans en 1998, délivrée en 2006. Sara Giraudeau, sensible Ève, va se dégager de l’emprise violente de Franck, que joue Patrick d’Assumçao. C’est très bien interprété, mais il y a là quelque chose de presque insoutenable. (Rond-Point, jusqu’au 12 février)

 

 

 

 

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin