« Maman » et « Pour autrui », deux pièces au même thème

Maternité de conte

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Publié le 01/10/2021
D’un côté, le style si particulier, la poésie, l’humour et la gravité de Samuel Benchetrit. De l’autre, le goût des fresques, l’écriture longue, la maîtrise scénique de Pauline Bureau. « Maman » et « Pour autrui » parlent, très différemment, d’un même désir d’enfant.
« Pour autrui »

« Pour autrui »
Crédit photo : CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

« Maman », qui marque les brillants débuts à la scène de Vanessa Paradis, est une pièce brève, d’un style vif, sans explications pesantes. Soit une femme qui, à quelques jours de Noël, sort de la boutique de vêtements de maternité qu’elle tient. Emmitouflée dans un manteau, elle attend un taxi et voici qu’un jeune homme (Félix Moati) se méprend et pense qu’elle espère le client… « C’est combien ? » revient à plusieurs reprises dans le texte, dans des contextes très différents. On va comprendre la douleur de la femme lumineuse, mariée à un homme sympathique et aimant (Éric Elmosnino, magistral et touchant). Vingt-cinq ans auparavant, ils ont connu un drame. Il faut découvrir ce conte à la fois quotidien et fantastique, apprendre à connaître les personnages, dessinés avec un art du trait éloquent et cette fantaisie qui illumine toujours l’univers de Samuel Benchetrit, dans ses romans, ses nouvelles, ses films, ses pièces, et que cristallise le passant joué par le malicieux Gabor Rassov. C’est très bien dirigé et joué. Vanessa Paradis, présence et grâce, émeut profondément. Autre débutant des planches, Félix Moati est formidable. Et en plus, on rit ! (Théâtre Édouard-VII, jusqu’à la fin de l’année, 1 h 30, theatreedouard7.com)

« Pour autrui » l’annonce dès le titre : on va nous parler de gestation pour autrui. Pauline Bureau excelle à s’emparer de faits de société, comme elle l’avait fait avec « Féminines », saga des premières footballeuses professionnelles. Ici, une femme jeune, Liz (remarquable Marie Nicolle), bascule dans un double drame, se redresse et accepte qu’une Américaine, amie de sa sœur, porte pour elle et son mari (Yann Burlot) leur enfant. Scénographie importante, enchaînement fluide des scènes (à la Robert Lepage), distribution étoffée, récit soigné, mais trop précis. L’auteure alourdit le spectacle de scènes inutiles et de bons sentiments. La fin est très faible. Dans le double rôle de la chirurgienne et de la mère, Martine Chevallier est grandiose. Mais c’est trop long. (Colline, jusqu’au 17 octobre, puis en tournée de novembre à avril, 2 h 25 sans entracte, colline.fr)

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin