Deux pièces à voir à Paris et à Montreuil

Mieux vaut en rire

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Publié le 11/03/2022

« Berlin Berlin », comédie insolente, « la Femme à qui rien n’arrive », monologue tragi-cocasse, deux occasions d’oublier les chagrins.

« La Femme à qui rien n'arrive »

« La Femme à qui rien n'arrive »
Crédit photo : PHILIPPE DELACROIX

* Autant avouer que les deux spectacles que nous réunissons sous la bannière du rire n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre. Sauf, justement, qu’ils sont très divertissants… et aussi bien menés que bien interprétés. Mon premier, « Berlin Berlin », est une comédie complètement déjantée. Insolente, elle a été située par ses deux auteurs, Gérald Sibleyras et Patrick Haudecoeur, dans Berlin au temps du Mur. Désinvolte, elle se moque des événements tragiques d’alors. Ici, il n’est question que de situations loufoques, de rebondissements explosifs, de folies exagérées.

Ensemble, les deux dramaturges avaient déjà composé « Silence on tourne ! », dans le droit fil des Branquignols, Molière de la meilleure pièce comique 2017. Sibleyras est un écrivain qui ne s’en tient pas qu’au rire. Adaptateur, scénariste, écrivain, il aime aussi le sentiment, la complexité des caractères. Il ne joue pas. Il écrit, seulement. Ce n’est pas le cas de Patrick Haudecoeur, qui, lui, trouve son plein épanouissement sur les plateaux. Il a basculé dans l’écriture presque par hasard, et ce fut un triomphe de plusieurs saisons, « Thé à la menthe ou t’es citron ? ». Puis « Frou-Frou les Bains » et « la Valse des Pingouins ». Certaines de ces pièces conçues avec Danielle Haudecoeur. Patrick Haudecoeur a des allures d’adolescent. Et ses mimiques, son air éternellement étonné, dépassé par les événements, font que le public éclate de rire simplement en le voyant apparaître.

On ne dévoilera pas le détail de l’intrigue de « Berlin Berlin ». Sachez simplement qu’il s’agit de trouver le passage secret de l’appartement d’un quidam, pour atteindre des caves et creuser pour passer à l’Ouest. Rire de cette situation à l’heure où la guerre ravage l’Ukraine peut paraître déplacé. Mais la pièce a été écrite il y a des mois. Elle est mise en scène par José Paul, qui dirige d’excellents interprètes : Maxime d’Aboville, Anne Charrier, Marie Lanchas, Guilhem Pellegrin, Claude Guyonnet, Loïc Legendre, Gino Lazzerini. Ils rivalisent d’énergie et d’inventivité, s’amusant eux-mêmes des situations les plus abracadabrantes. (Théâtre Fontaine, 21 heures du mardi au samedi, 16 h 30 samedi, 16 heures dimanche, durée 1 h 30, théâtre fontaine.com)

* À l’autre bout du spectre du rire, un texte remarquablement bien écrit, porté par l’auteure elle-même, Léonore Chaix, dirigée très intelligemment par Anne Le Guernec. « La Femme à qui rien n’arrive » est un monologue, mais de nombreux personnages surgissent. Léonore Chaix s’est fait connaître par des chroniques sur France Inter, « Déshabillez-Mots », écrites avec Flor Lurienne puis jouées au théâtre. Elle aime l’absurde, les mots qui ouvrent des gouffres, les moments qui peuvent inquiéter. Comédienne, elle est un clown formidable. Avec de l’innocence et de la grâce. Et l’on rit aux larmes. (Durée 1 heure. Jusqu'au 28 mars à la Girandole, à Montreuil, le lundi à 20 h 30, girandole.fr. Puis au Studio d’Asnières, puis Avignon off)

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin