« George Dandin », avec sa pastorale, en tournée

Molière, 400 ans, et tout neuf

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Publié le 14/01/2022
En montant « Georges Dandin » avec sa pastorale chantée, Michel Fau signe un spectacle magnifique.

Crédit photo : MARCEL HARTMANN

Il était né en 1622 et la France s’enflamme pour son cher Molière. Quatre cents ans ! A-t-on encore à apprendre sur la vie et l’œuvre de Jean-Baptiste Poquelin ? Éditée dans une version augmentée il y a quatre ans, la biographie de Georges Forestier (« Molière », Gallimard, 2018, 24 €) est très complète. Mais c’est sans doute par les spectacles que l’on va découvrir, redécouvrir Molière. Première production spécialement pensée pour une célébration qui va s’étendre sur toute l’année, « George Dandin ou le Mari confondu », dans sa version avec pastorale, sur la musique de Jean-Baptiste Lully, est une magnifique réussite.

Dans le cadre somptueux de l’Opéra Royal du château de Versailles, évidemment, on est ébloui, car l’harmonie entre la salle et le spectacle est particulièrement séduisante. Mais « George Dandin ou le Mari confondu » a été pensé pour circuler dans toutes sortes de théâtres. Donné à Toulouse, fin décembre, il a émerveillé le public. Michel Fau, qui interprète avec une sensibilité bouleversante le rôle-titre, et qui signe la mise en scène, s’appuie sur une équipe d’excellence. Emmanuel Charles a dessiné des éléments mobiles, feuillages qui viennent dissimuler les musiciens, répartis de part et d’autre de la maison toute en hauteur de Dandin. Une « machine à jouer » très astucieuse, sublimée par les lumières de Joël Fabing, comme le sont les costumes magnifiques de Christian Lacroix, maître en matières, couleurs, tons, oppositions.

On connaît la triste histoire de George Dandin, paysan riche qui a eu le malheur de se marier au-dessus de son rang. Comme le dit Angélique : « Vous n’avez consulté pour cela que mon père et ma mère, ce sont eux proprement qui vous ont épousé. » Les Sotenville étaient ruinés. Angélique est courtisée par un Clitandre très léger, protégée par les valets, Claudine et Lubin. Ce qui pourrait être une farce est une tragédie, car le sort s’acharne sur Dandin. Et la cruauté de chacun le détruit. La pièce est noire, corrosive. Mais la version avec pastorale, magistralement menée par l’Ensemble Marguerite Louise, sous la direction de Gaétan Jarry, enchante avec ses chanteurs-danseurs et ses musiciens. Deux heures d’un pur bonheur. Et si Dandin est perdu, dans sa chemise qui ressemble à une camisole de fou, bientôt il chantera aux saluts, avec ses camarades…

Après Toulouse et l’Opéra Royal de Versailles, la production sera en tournée jusqu’en juin. Charleroi les 14 et 15 janvier, Louvain du 18 au 22, Compiègne les 25 et 26, Massy les 28 et 29, Fréjus le 1er février, etc. À Paris, du 6 au 29 mai, à l’Athénée.

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin