Une saxophoniste, deux chanteuses

Perles du Nord

Par
Publié le 11/02/2019
Article réservé aux abonnés
Jazz-C. Norby

Jazz-C. Norby

Jazz-R. Gustafsson

Jazz-R. Gustafsson

Jazz1-Hanna Paulsberg

Jazz1-Hanna Paulsberg
Crédit photo : JULIA MARIE NAGLESTAD

Quatorze siècles avant Cléopâtre, la reine-pharaonne Hatshepsout fut l'une des rares femmes à diriger l'Égypte. Trois mille cinq cents ans plus tard, Hanna Paulsberg, dans son quatrième album, « Daughter Of The Sun » (Odin/Outhere), rend un surprenant hommage musical à cette femme forte de l'Égypte antique, et à toutes les autres qui se battent contre les inégalités.

À 31 ans, la saxophoniste-ténor norvégienne est un pur produit de l'école de Trondheim, où se trouvent une université, un conservatoire et un grand orchestre réputés, le Trondheim Jazz Orchestra (TJO), qu'elle a fréquenté. Fille d'un batteur de jazz, elle avoue comme influences Stan Getz (merci papa !), Wayne Shorter et Pharoah Sanders, notamment. Ancrée dans ses racines nordiques, la saxophoniste s'est aussi souvent promenée, à la tête de son groupe Concept, créé il y a quelques années, dans les musiques américaines et africaines traditionnelles.

Des réminiscences que l'on retrouve dans ce disque hommage, pour lequel la leader a invité l'excellent trompettiste suédois Magnus Broo. Six titres originaux, très mélodiques, composent cet opus qui mélange joie et incantation et qui flirte, grâce à ses deux solistes souvent illuminés, avec la tradition et des formes nettement plus libres.

Des sœurs

 

Longtemps une musique d'hommes – à l'exception des chanteuses et de quelques rares instrumentistes –, le jazz se féminise de plus en plus. Et trouve en Caecily Norby une fervente avocate. Née dans une famille de musiciens, la chanteuse danoise réputée, qui est dans le métier depuis plusieurs décennies, a décidé, pour son nouveau CD, le bien nommé « Sisters In Jazz » (ACT/PIAS) – cependant produit par un homme, Siggi Loch ! – de s'entourer uniquement de jazzwomen européennes et d'interpréter différentes compositions écrites par des femmes.

Parmi les accompagnatrices, l'Italienne Rita Marcotulli (piano), la Norvégienne Hildegunn Oeseth (trompette), la Suisse Nicole Johänntgen (saxe), l'Allemande Lisa Wulff (contrebasse), la Polonaise Dorota Piotrowska et la Danoise (née aux États-Unis), Marilyn Mazur (percussions), qui a joué avec Miles Davis.

Quant aux morceaux choisis, ils ont été écrits par Ann Ronell (le fameux « Willow Weep For Me »), Joni Mitchell, Betty Carter, Abbey Lincoln, Nina Simone, Bonnie Raitt, Carole King et la vocaliste danoise elle-même.

Autant d'ingrédients pour un cocktail féminisé à la fois explosif et gouleyant, à consommer sans aucune modération !

Considérée comme une chanteuse subtile et délicate, à la voix pleine d'une évocation soul, Rigmor Gustafsson affirme avec conviction cette définition dans son dernier CD, « Come Home » (ACT/PIAS).

Entourée de son très fidèle trio, augmenté de deux invités (dont une harpiste) sur deux titres, la vocaliste suédoise, qui a fait ses premières armes, dans le New York des années 1990, avec des pointures comme Fred Hersch, Avishai Cohen et Randy Brecker, dévoile ses propres compositions et explore deux reprises, de Joni Mitchell et de Kate Bush. La consécration pour une compositrice prolifique et une chanteuse au talent remarquable.

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9723