Aucun film documentaire n’avait été réalisé sur Astor Piazzolla (1921-1992). Quand Daniel, le fils du plus célèbre bandonéoniste du siècle dernier, a décidé d’ouvrir les archives familiales, le cinéaste argentin Daniel Rosenfeld a pu combler cette lacune. « Piazzolla, les années du requin » sortit en 2018 sur les écrans d’Argentine. EuroArts publie sur DVD ce passionnant film, fondé sur les bandes magnétiques d’interviews qu’enregistra sa fille Diana lors du retour du compositeur au pays, enrichi de documents inédits et de nombreux extraits de concerts.
Quel sujet pour un film que la vie itinérante de cet outsider qui n’obtint que partiellement l’adhésion de son propre pays et n’y gagna la grande célébrité que peu de temps avant sa mort ! En Argentine, en France, où il obtint une bourse pour étudier auprès de Nadia Boulanger, qui le remit sur le chemin du tango et du bandonéon quand il avait des vues de compositeur « sérieux », en Italie et en tournée dans le monde entier, Piazzolla s’est forgé un style et a réinventé le tango. Son Tango Nuevo lui a valu de sacrés adversaires, mais avec l’aide de poètes sud-américains tels Jorge Luis Borges et Horacio Ferrer, il s’est imposé comme une évolution inéluctable de cette musique emblématique de l’Argentine des années 1930.
La France n’est pas en reste pour célébrer Piazzolla. Ainsi a eu lieu le jour anniversaire de sa mort un concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Leonardo Garcia Alarcón avec trois bandonéonistes, dont Richard Galliano, diffusé par France Musique (qui lui consacre de nombreuses émissions, notamment ce week-end) et que l’on peut revoir sur Arte concert.
Nombreux sont les musiciens classiques à lui rendre hommage, dont ses compatriotes Martha Argerich et Daniel Barenboim (« Mi Buenos Aires Querido », 1 CD Teldec). Parmi les publications récentes, le pittoresque « Fuga y Misterio » du vibraphoniste Simone Rubino, qui confronte Bach à Piazzolla (1 CD La Música). Et « Piazzolla 2021 », par un grand espoir pour le futur de l’instrument, la Française Louise Jallu, qui lui rend le plus bel hommage possible dans un concert de bandonéon enregistré en janvier à la Philharmonie de Paris (1 CD Klarthe Records).
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