« La Fille du RER », d’André Téchiné

Questions sur un mensonge

Publié le 24/03/2009
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L’AFFAIRE du RER D avait provoqué en juillet 2004 une onde de choc dans les médias et l’opinion, avant que la prétendue victime n’avoue rapidement que c’était une invention. Jean-Marie Besset en a fait une pièce, « RER », en 2005, dont Téchiné s’est inspiré. Sans chercher à connaître les protagonistes de la véritable histoire, sans prétendre dévoiler les raisons du mensonge, il centre son film sur la jeune femme, ici nommée Jeanne.

Jeanne, à laquelle Émilie Dequenne donne une présence forte, est une énigme. Elle vit avec sa mère (Catherine Deneuve, très bien, mais peu vraisemblable en nounou), cherche mollement du travail, rencontre un jeune homme avec qui elle se met en ménage, sans que beaucoup soit dit sur ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent. Un événement dramatique va la conduire à se mutiler elle-même (quelques entailles avec un couteau, des croix gammées dessinées, à l’envers, au marqueur).

Nous sommes à la moitié du film. Téchiné passe rapidement sur l’émotion médiatique et politique pour se concentrer sur les relations entre la mère et la fille et la famille d’un avocat juif (Michel Blanc) que la première a connu autrefois et auquel elle fait appel. Jeanne n’en dira guère plus. En revanche, elle trouvera une sorte de complice moral en la personne du petit-fils de l’avocat, à la veille de faire sa bar-mitzvah. La jeune femme et l’adolescent, l’une en quête d’identité, l’autre tenté par le rejet de l’identité familiale communautaire, se comprennent sans avoir besoin de parler.

On ne sait trop, ainsi, quel film Téchiné a voulu faire. La réflexion socio-politique n’est qu’effleurée, les motivations des personnages souvent confuses. C’est peut-être là son habileté. En reflétant la complexité des actes individuels et collectifs, « la Fille du RER » dit la vérité humaine.

RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr