Le nouveau spectacle de Bartabas

Retrouvailles avec Zingaro

Par
Publié le 12/11/2021
« Cabaret de l’exil » reprend les principes des débuts, il y a près de quarante ans. Festive et nostalgique évocation du monde yiddish, avec cavalcades éblouissantes et musique.
Une  évocation du monde yiddish

Une évocation du monde yiddish
Crédit photo : ALFONS ALT

Après les deux très singulières traversées de Bartabas dans « Ex Anima », des chevaux seuls en piste, et après « Entretiens silencieux », le maître écuyer seul avec un unique cheval, le Théâtre équestre Zingaro propose un « Cabaret de l’exil » qui inaugure une série de quatre créations. En cet automne, c’est vers l’Europe de l’est, vers la culture et la musique yiddish que se tourne Bartabas. Cette forme, avec musique et vin chaud, est une des traditions fondatrices de Zingaro. Le premier « Cabaret équestre » date de 1984. Les fidèles retrouvent les fondamentaux : l’accueil chaleureux, dans le premier bâtiment de bois du village d’Aubervilliers conçu par Patrick Bouchain. La traversée d’une partie des écuries pour atteindre le lieu du jeu, la piste et ses gradins. Une partie du public est installée autour de petites tables où, tout à l’heure, sera servi du vin chaud. D’autres spectateurs, plus haut, serrés sur des banquettes, ne perdent rien des folles cavalcades, des acrobaties époustouflantes, des moments d’humour, des surprises incessantes du « Cabaret de l’exil ».

Sur la piste, les oies sont sages, qui se déplacent selon des impulsions d’elles seules connues, tandis que, dans un coin, un homme manie un soufflet de forge ambulante et un autre martèle un fer à cheval. Les cloches retentissent à toute volée, et le spectacle peut vraiment commencer. C’est la culture yiddish qui nourrit ce « Cabaret de l’exil ». L’orchestre de musique klezmer, le Petit Mish-Mash, trois virtuoses et deux de leurs amis : cymbalum, accordéon, percussions, clarinette, flûtes, violon bien sûr, et chant. Un comédien est là, disant des extraits du discours du grand écrivain Isaac Bashevis Singer, lors de la réception du prix Nobel de littérature, en 1978. Silhouette fine, voix touchante, Rafaël Goldwaser ajoute aux émotions que procure le spectacle.

Bartabas, discret mais reconnaissable entre tous, ses huit camarades cavaliers, garçons et filles, savent tout faire : maîtres de l’équitation, en complète fusion et complicité avec leurs montures, ils sont acrobates, comédiens, ils s’envolent. On est un peu dans le monde de Chagall… Dix-sept chevaux plus beaux et mieux soignés les uns que les autres, plus une mule, un âne, un baudet. Voici la troupe magnifique ! Découvrez-les. C’est joyeux, enlevé, mais quelque chose de mélancolique sourd de cette échappée colorée, comme toujours chez Zingaro… (Théâtre équestre Zingaro, Fort d'Aubervilliers, jusqu'en mars, durée 1 h 45, zingaro.fr)

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin