Violon, piano, saxo

Sirènes du jazz

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Publié le 12/11/2019
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Une violoniste danoise, une pianiste japonaise et une saxophoniste française : des femmes conquérantes dans une musique universelle.
Hiromi

Hiromi
Crédit photo : MUGA MUYAHA

Dès son arrivée à Paris voici plus de 20 ans, la violoniste danoise Line Kruse a été immergée dans la communauté des musiciens latinos (brésiliens, cubains, colombiens, etc.). Ancienne membre du Gotan Project, elle partage son temps musical et de direction entre moyennes et grandes formations, dans lesquelles celle qui est aussi compositrice et arrangeuse peut mettre à profit toutes ses qualités et ses compétences.

« Invitation » (Continuo/UVM), son nouvel opus, en est le dernier exemple. S'appuyant sur le trio du pianiste cubain Harold Lopez Nussa, une section de cordes, un guitariste, Louis Winsberg, des souffleurs, Nicolas Folmer, trompette, Orlando « Maraca » Valle, flûte, et une vocaliste, la violoniste non seulement affiche son lyrisme et sa délicatesse, mais fait preuve d'une palette musicale très riche, de Prokofiev aux rythmes cubains, des lumières nordiques à la Cordillère des Andes. Un étonnant voyage épuré par le travail raffiné de son big band multicolore. Elle sera en concert le 26 novembre au Bal Blomet, à Paris.

Percussion

En ces temps de clonage, il faut reconnaître que très peu de pianistes exploitent l'impressionnant potentiel de leur instrument comme le fait Hiromi. Alors que d'aucuns préfèrent caresser les touches, voire s'en contentent, la pianiste japonaise se rappelle que c'est aussi un instrument à percussion en le martelant et le pilonnant avec force. Déclenchant des cascades et des vagues de notes semblables aux rouleaux d'une mer en colère.

« Kaleidoscope », le titre qui ouvre son nouvel album éponyme en solo (Telarc/Bertus France) en est l'exemple le plus… frappant ! À la veille de ses 40 ans, la soliste, qui a fréquenté des pointures comme Chick Corea ou Stanley Clarke, s'est lancée un défi à travers neuf compositions originales : mélanger fougue et lyrisme inventif. Autre exemple de l'accomplissement de ce double objectif, « Rhapsody in Various Shades of Blue », où elle cite aussi bien George Gershwin que John Coltrane ou le rock des Who. Un vrai plaisir. Une prolifique pianiste, qui sera en concert le 13 novembre à l'Opéra de Bordeaux.

Voyage

La saxophoniste baryton (et soprano) Céline Bonacina aime les voyages. Longtemps installée dans l'océan Indien, la jeune femme ne peut rester en place et chacun de ses disques est une invitation à parcourir le monde. « Fly, Fly » (Cristal Records/Sony), le bien nommé, n'échappe pas à cette règle. Avec comme passeport l'idiome jazz, la soliste et sa solide petite bande se promènent, à travers 13 compositions originales, de l'Europe septentrionale et continentale aux États-Unis en passant par l'île de la Réunion, qui a tant influencé sa musique.

Un album fait d'une musique très colorée, rythmée, climatique, et qui se termine par de très beaux hommages à de grands noms du jazz moderne comme Ornette Coleman, Joachim Kühn ou encore Charlie Haden.

Une musicienne à découvrir le 21 novembre au Studio de l'Ermitage, à Paris.

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin