LIVRE - Romans policiers

Souffles au cœur

Publié le 08/02/2011
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Croisière tragique

Attention, Patricia MacDonald nous mène en bateau… Pour notre plaisir, évidemment, comme elle le fait depuis plus d’un quart de siècle en publiant très régulièrement des romans policiers à l’intrigue bien tarabiscotée. « Une nuit, sur la mer » (1) pourrait n’être qu’une variation dramatique de « la Croisière s’amuse » : Chloé, secrétaire médicale, qui effectue une croisière aux Caraïbes avec Rob – un cadeau d’anniversaire de mariage offert à la jeune femme par sa mère Shelby – disparaît en mer. Shelby, qui a élevé seule sa fille, refuse la thèse de l’accident. Patricia MacDonald interroge la personnalité et remonte dans le passé des différentes personnes qui entourent le couple. Bien malin qui saurait trouver le fil pour dérouler la pelote de cette histoire, certes un peu larmoyante mais à la construction impeccable.

Le retour de Dashiell Hammett

Publié en France à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Dashiell Hammett, « le Jardin du diable » (2) est une haletante fiction racontée avec une grande rigueur historique. L’ouvrage nous ramène à San Francisco en 1921, au moment du procès où Roscoe « Fatty » Arbuckle, célèbre star comique du muet, est accusé d’avoir provoqué la mort d’une jeune actrice lors d’une orgie dans son hôtel. On est en pleine prohibition, c’est un coup monté, et Samuel (plus tard Dashiell, quand il commencera à écrire) Hammett, enquêteur pour Pinkerton, est chargé d’interroger les témoins de l’affaire. Ace Atkins – qui, à 40 ans, a été nommé pour le Livingston Award et pour le prix Pulitzer – déroule en parallèle l’enquête de Sam Hammett, où se distingue notamment une séduisante blonde, agent du FBI, et la vie privée du grand écrivain de polars, marié à une infirmière, tuberculeux, grand fumeur et grand buveur mais aussi as de l’agence de détectives privés.

Au pas de course

Bien qu’il soit âgé de 85 ans, Andrea Camilleri prête toujours à son héros préféré, le célèbre commissaire Montalbano, autant d’appétence pour les belles femmes et la bonne cuisine. « La Piste de sable » (3) nous entraîne dans le monde des courses clandestines, après qu’un matin il a trouvé devant chez lui, gisant sur le sable, le cadavre d’un cheval sauvagement abattu. Un pur-sang dont la propriétaire, la belle Rachel, vient signaler le vol. S’agit-il d’une affaire de mafieux ou de parieurs, ou bien des deux ?

La victime n’est pas celle que l’on croit

Deux piments rouges sur la couverture de « la Rivière noire » (4) laissent à penser que l’affaire concoctée par le grand auteur islandais Arnaldur Indridason, sera chaude ! Originalité de cet opus : le commissaire Erlendur s’est éloigné quelque temps et c’est donc son équipe, et en particulier l’inspectrice Elinborg, qui est sur la sellette. Ils doivent découvrir pourquoi un homme a eu la gorge tranchée dans son appartement, sans qu’il y ait le moindre signe d’effraction ou de lutte. Des cachets de Rohypnol dans sa poche et un châle sous le lit qui dégage un parfum inhabituel d’épices, laissent supposer que la « victime » a violé une femme et que celle-ci s’est ensuite vengée…

Affaire classée.

Autre auteur de polars venue du froid, très appréciée en Suède, Hakan Nesser a également mis en congé son commissaire Van Veeteren et donné le nom de sa nouvelle héroïne comme titre de son dernier livre, « Eva Moreno » (5). L’inspectrice est confrontée au mystère de la disparition d’une jeune fille après qu’elle a rendu visite à son père interné depuis des années dans un hôpital psychiatrique. Ses premières investigations la conduisent à déterrer une autre affaire, vieille de seize ans.

Dans la Creuse.

Situer un roman dans la Creuse peut être une gageure, mais pas pour Sylvie Granotier, qui confirme, avec une double intrigue psychologique, son goût pour l’ambiguïté. Le personnage principal de « la Rigole du diable » (6) est une jeune avocate ambitieuse, qui, pour plaider aux assises, choisit de défendre une femme soupçonnée d’avoir empoisonné son mari. Le défunt avait 30 ans de plus que sa femme, une Africaine rencontrée par petite annonce alors qu’elle était sans papiers et s’était enfuie de la famille qui l’avait ramenée du Gabon et qui l’utilisait comme esclave. À côté des relents d’exploitation, d’héritages et de jalousies inhérentes au terroir, Sylvie Granotier met en avant le drame intime de son héroïne, l’assassinat jamais élucidé de sa mère alors qu’elle avait 4 ans.

Jazz, philo et guerre

Autre univers. Celui de Marcus Malte mêle la politique, la passion, la révolte et le sexe en une composition virtuose. « Les Harmoniques » (7) a pour thème la quête du duo d’amis improbable qui a fait le succès de « Garden of Love », un pianiste de jazz black amoureux de Trane et de Monk et un ancien prof de philo reconverti en chauffeur de taxi, pour savoir pourquoi leur amie Véra a été brûlée vive. Politiciens corrompus et artistes maudits, pour se terminer par une balade sur le front yougoslave d’une précision et d’une dureté extrêmes, où les exactions des criminels de guerre sont particulièrement bien renseignées.

L’explosion des mondes.

On est toujours heureux de saluer un premier roman. Nommé pour l’Edgar du meilleur premier roman et en cours d’adaptation pour le cinéma, « Brasiers » (8) est signé Derek Nikitas, qui enseigne l’écriture créative à l’université de Richmond, dans le Kentuky. Son point de départ est le meurtre d’un professeur de littérature, au centre commercial où il était venu faire des courses avec sa fille adolescente, Lou. Le récit se déroule selon plusieurs points de vue. Celui de Lou, contrainte d’abandonner une enfance protégée. Celui d’une jeune femme enceinte des œuvres d’un membre du gang impliqué dans le meurtre. Et celui de l’inspectrice chargée de l’enquête.

(1) Albin Michel, 343 p., 19,90 euros.

(2) Éditions du Masque, 460 p., 21,50 euros.

(3) Fleuve Noir, 0 p., 19,90 euros.

(4) Métailié, 300 p., 19 euros.

(5) Seuil, 338 p., 21,80 euros.

(6) Albin Michel, 355 p., 19,50 euros.

(7) Gallimard, 370 p., 19 euros.

(8) Télémaque, 403 p., 22 euros.

MARTINE FRENEUIL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8902