CINEMA / « Rien de personnel », de Mathias Gokalp

Souffrance au travail

Publié le 15/09/2009
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LE MONDE de l’entreprise est impitoyable, l’actualité nous le rappelle chaque jour, de rébellions d’ouvriers licenciés en suicides de salariés malmenés. Dans son premier film, écrit avant la crise mondiale, « au moment où le cours des bourses mondiales était au plus haut (et)   où on licenciait à tour de bras pour d’autres motifs », Mathias Gokalp a choisi la satire pour évoquer le sort des cadres sous pression menacés de perdre leur emploi du jour au lendemain.

Une société pharmaceutique organise une réception à l’occasion du lancement d’un nouveau produit. Il s’agit en fait d’un exercice de coaching pour les cadres et même d’un repérage de ceux qui seront le plus facile à sacrifier. On le découvre en même temps qu’on revoit les mêmes scènes mais vues par d’autres personnages. Les apparences sont trompeuses. « Le malheur ne vient pas de l’individu mais du système dans lequel il évolue, dit Gokalp. La victime prend la place du bourreau, le traître celui du héros. » Qu’en sera-t-il par exemple de l’employé qui semble broyé par le système (Jean-Pierre Darroussin), du délégué du personnel (Denis Podalydès), de la belle et ambitieuse (Mélanie Doutey) ?

Co-auteur avec Nadine Lamari de l’astucieux scénario, le réalisateur de 36 ans met en scène tout ce beau (et lamentable) monde avec dextérité même si le procédé paraît un peu mécanique, avec ses nombreux retournements. Il ne cherche pas à faire pleurer mais à montrer une réalité qui, dit-il, n’est pas une fatalité. Et cela en faisant aussi rire, en flirtant habilement avec le burlesque. De bons débuts pour un homme qui, manifestement, aime son travail.

R. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr