À Paris, au Louvre, et à Montpellier

Soulages, 100 ans

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Publié le 12/12/2019

« Soulages au Louvre », un hommage pour les 100 ans du peintre du noir et de la lumière, figure majeure de la non-figuration. « Soulages à Montpellier », un parcours enrichi dans les salles Soulages du musée Fabre. Tandis que le musée d'Art moderne de la Ville de Paris consacre une rétrospective à son ami Hans Hartung.

Portrait de l'artiste, 2 octobre 2017

Portrait de l'artiste, 2 octobre 2017
Crédit photo : COLL. RAPHAËL GAILLARDE/ADAGP

Pierre Soulages est né le 24 décembre 1919 à Rodez. Pour ses 100 ans, le Louvre (1) lui offre une exposition, dans le prestigieux Salon Carré, où siégeait le Salon des Académies. Vocation précoce : à 12 ans, il découvre avec sa classe la lumière de l’abbatiale romane de Conques, dont il réalisera les vitraux cinquante ans plus tard. Études aux Beaux-Arts de Montpellier. Dès lors, il ne cesse de peindre, soit de 1946 jusqu’à ce jour où, à Sète, il pose la toile au sol et procède par superposition et raclage. Un travail d’une grande continuité où le noir est toujours présent avec parfois le blanc.

La donation de 100 peintures au musée Soulages de Rodez inauguré en 2014 présente un ensemble des 30 premières années de son travail. Des brous de noix des années 1940 jusqu’aux gouaches linéaires, épurées des années 1970, la totalité de ses gravures et 3 bronzes, sortes de stèles créés à partir des plaques de cuivre des gravures, souvenir des statues-menhirs du paléolithique du musée Fenaille de son enfance. Le peintre y a ajouté les 104 cartons des vitraux de Conques.

En 1979, Soulages aborde une nouvelle phase de son travail avec l’« outrenoir », pour aller au-delà du noir et créer un nouveau rapport avec la lumière, réfléchie par la surface de la toile. Le visiteur se trouve alors dans un espace de lumière et les grands formats des tableaux, parfois suspendus, augmentent cet effet. Ainsi naît un nouveau rapport à l’espace.

Si, pour Marcel Duchamp, « ce sont les regardeurs qui font les tableaux », pour Soulages, ils y construisent ainsi leurs pensées et leurs émotions dans leur champ mental. Dans un parcours chronologique, 40 œuvres évoquent tous les aspects de son travail. 

La peinture est pour Pierre Soulages « un tout organisé, un ensemble de formes (lignes, surfaces colorées...) sur lequel viennent se faire et se défaire les sens qu’on lui prête ». Il s’inscrit dans la grande histoire de l’art après la rétrospective du Centre Pompidou en 2010, dont Alfred Pacquement, ancien directeur du musée d’Art moderne, était déjà commissaire avec Pierre Encrevé.

Le musée Fabre à Montpellier (2) a choisi pour ce centenaire une approche plus intime, avec, dans les salles consacrées à Soulages, de nouvelles œuvres, des documents d'archives, des témoignages littéraires, et, dans les collections permanentes du musée ses commentaires sur de nombreuses œuvres. Un musée qu’il a beaucoup fréquenté avec Colette, sa femme depuis 77 ans, qui a toujours été très attentive à sa création.

Un précurseur de l'abstraction

Hasard du calendrier, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris (3) présente une rétrospective Hans Hartung (1904-1989), « La fabrique du geste », en 350 œuvres. Ami de Soulages, il avait le même regard sur la peinture contemporaine. D’origine allemande, Hartung est un des précurseurs de l’abstraction. Son travail est marqué par une grande liberté et une expérimentation continue sur les supports, la couleur, le cadrage, la photographie. En reproduisant à l’identique certaines œuvres, il questionne la notion d’original et d’authentique, ce qui a beaucoup intéressé Soulages.

 

(1) Jusqu'au 9 mars, louvre.fr

(2) Jusqu'au 19 janvier, museefabre.montpellier3m.fr

(3) Jusqu'au 1er mars, mam.paris.fr 

 

Caroline Chaine
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Source : Le Quotidien du médecin