À Paris et à Metz

Trois artistes pour explorer le vide

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Publié le 14/03/2019
Art-Picasso

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Crédit photo : RMN-GP (G. BLOT)/SUCCESSION PICASSO

Art-Calder

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Crédit photo : CALDER FOUNDATION/ADAGP

Associer Calder (1898-1976) et Picasso (1881-1973) ne semble pas évident a priori, et pourtant ! L’un est l’inventeur des mobiles, l’autre à l’origine du cubisme. Ce qui les réunit dans l’exposition du musée Picasso-Paris (1), c’est l’exploration du vide, ce « non-espace », dans leurs recherches plastiques, tant dans la figuration que dans l'abstraction.

Les deux artistes se rencontrent en 1931, lorsque Picasso visite l’exposition où, pour la première fois, Calder expose ses « sculptures non objectives ». Des œuvres dont « chaque élément peut bouger, remuer, osciller, aller et venir dans ses relations avec les autres éléments de son univers », ce que Marcel Duchamp appellera mobile.

Dans les années 1920, déjà, Picasso avait réalisé en fil de fer un projet de monument à la mémoire de Guillaume Apollinaire laissant une grande place au vide. Et Calder, avec ses sculptures en fil de fer aux lignes expressives (« Joséphine Baker », « le Lanceur de poids »), associait sculpture et dessin, les ombres des fils se projetant sur le mur.

Le parcours de l'exposition retrace avec 120 œuvres leurs recherches croisées sur l’espace et le mouvement. Entre peinture et sculpture, dans les années 1930, lorsque Picasso transpose les formes organiques de ses sculptures dans ses tableaux alors que Calder ajoute à son mobile une toile de fond (« Red Panel », vue de face, la sculpture animée donne l'impression d'être une peinture).

Dix ans plus tard, Picasso recherche des figures élémentaires. La « Tête de taureau » associe une selle et un guidon de vélo et le portrait peint de la « Femme dans un fauteuil » se trouve vidé de l’intérieur pour ne garder que ses lignes constitutives. Au onzième état des gravures du taureau, le peintre aboutit à une forme épurée du profil où seul le geste demeure, comme dans les mobiles de son contemporain.

Lorsqu’ils peignent leur atelier, Calder surprend en saturant la toile de ses créations, tandis que Picasso esquisse et place au centre de son tableau une toile vierge. Même recherche sur la pesanteur. La petite fille de Picasso qui saute à la corde n’est rattachée au sol que par elle et les sculptures monumentales de Calder de 10 mètres de haut semblent suspendues. Le vide a autant de place que la tôle (« La Grande Vitesse ») ou le béton.

Une exposition très convaincante, avec des pièces maîtresses, qui oblige à regarder différemment, au moins l’œuvre de Picasso.

Méditation

Au Centre Pompidou-Metz (2), « Lee Ufan - Habiter le temps ». Né en 1936 dans une Corée alors sous domination japonaise, Lee Ufan fait des études de philosophie et littérature au Japon et devient un adepte du mouvement Mono-ha, qui explore les relations naissant de « rencontre » entre les éléments et où le fait de non-agir est un acte positif.

L’exposition retrace les grandes étapes de ses créations, des sculptures, peintures qui prennent toute leur force dans la relation à l’espace. Un parcours spirituel et esthétique en forme de méditation. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Jusqu'au 25 août. www.museepicassoparis.fr
(2) Jusqu'au 30 septembre. www.centrepompidou-metz.fr

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin: 9732