La plainte est ardente et composite. Notre économie stagne, le chômage persiste, les Restos du cœur ne désemplissent pas, l'identité française ploie devant l'immigration. Une plainte que l'on peut formaliser comme un syllogisme, selon l'auteur : 1- Nous sommes troublés, nous ne parvenons pas à définir ce que nous sommes. 2- Or nous savions le faire avant. 3- Quelque chose est donc venu brouiller notre identité et nous ne retrouverons notre quiétude qu'après avoir identifié et éliminé le trouble-fête.
Régulièrement, note Raphaël Glucksmann, nous condamnons chaque époque comme dégénérescente par rapport à la précédente. « Les Lumières furent condamnées au nom du Grand Siècle, le romantisme au nom des Lumières. » Ceci ne va pas sans une chasse au bouc-émissaire qui sera, c'est selon, la sorcière, le protestant, le juif, l'Arabe, le pédé, le multiculturaliste...
À partir de là, l'auteur propose un récit national avec des figures nouvelles, loin de ce que Philippe Sollers a pu appeler « la France moisie ». Ainsi exhibe-t-il du fond du Moyen Âge un voleur de poule, Renart, bandit malicieux, auquel il oppose Tartuffe, celui qui, face au trouble, « entre en réaction », est l'inquisiteur qui, avec de Maistre ou Rivarol, abhorrera la Révolution.
Les Tartuffe se reconnaissent à ce qu'ils se rétroprojettent vers un passé idéalisé, suivant le fameux syllogisme évoqué plus haut. Pour cela, ils devront s'accrocher à une valeur sacralisée. Il y a peu, c'était la lignée par le sang. Plus récemment, on en a appelé à « nos racines chrétiennes ».
Gavroche et l'Affiche rouge
La partie la plus émouvante de l'ouvrage convoque bien sûr Voltaire et Hugo, mais aussi ce mot honni par la France de Tartuffe, le « cosmopolitisme ». C'est Gavroche qui l'incarne, le gamin pauvre des faubourgs, mais aussi un Gavroche « juif, arménien, espagnol, italien ». D'où un hommage rendu à ceux de « l'Affiche rouge », résistants et martyrs, venus donner leur vie pour la France, alors qu'une autre France était si peu résistante. « lls étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent », chantait Aragon, évoquant des « métèques » aux noms difficiles à prononcer.
Incontestablement, ce livre apporte un nouvel air. Mais ils sont bien peu aujourd'hui pour le chanter.
Allary Éditions, 260 p., 18,90 €
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