Un soir, plus d’une heure après la fin officielle des consultations, le Dr Jenny (comme disent les frères Dardenne) refuse d’ouvrir la porte du cabinet où elle effectue un remplacement. Il s’agit de montrer à son stagiaire que, pour être un bon médecin, il faut aussi savoir se ménager. Mais l’inconnue qui avait sonné est retrouvée morte. La jeune femme se sent responsable. Elle veut au moins découvrir l’identité de la victime. Elle renonce alors au poste qui lui est promis dans une clinique réputée pour reprendre le cabinet à la clientèle modeste situé au bord d’une voie rapide et de la Meuse.
La jeune généraliste ne compte pas ses heures, se rend de nuit, s’il le faut, au domicile des malades, s’occupe éventuellement de leurs problèmes annexes et ne refuse pas le café ou les gaufres qu’on lui offre, prenant le temps de bavarder quelques minutes. L’image est presque trop belle. Les cinéastes ont été conseillés par une amie médecin et se sont inspirés des témoignages d’autres praticiens qu’ils ont rencontrés.
Les frères Dardenne n’ont, disent-ils, ni thèse, ni message. Pourtant, à travers le médecin et ceux qu’elles soignent, ils esquissent un portrait social. Le Dr Jenny, obsédée par la photo de la victime, agit et elle va faire changer les autres, ceux qui sont aussi responsables. C’est le grand espoir du film, selon Luc Dardenne.
Prenant la forme d’un polar, « la Fille inconnue » n’en a pas cinématographiquement la vigueur. Mais on suivra Adèle Haenel expliquant pourquoi elle aime le cinéma des frères Dardenne : des films qui ont du courage, qui font confiance aux spectateurs, qui n’achètent pas l’amour avec des fanfreluches, des artifices.
L'homme au bonnet rouge
Il y a deux choses que je n'aime guère dans « l'Odyssée », de Jérôme Salle (« Anthony Zimmer », « Largo Winch », « Zulu »), son titre et une certaine lourdeur pédagogique, sans doute nécessaire pour résumer efficacement, à l'usage des moins de 40 ans, la figure ambiguë du commandant Cousteau. Qu'importe, on se laisse emporter, de la plongée parmi les requins à l'Antarctique, à la suite de l'audacieux explorateur des océans et de sa famille.
Jérôme Salle, qui a écrit le scénario avec Laurent Turner, a centré son film sur la relation compliquée entre Jacques-Yves Cousteau et son fils Philippe, ce qui lui donne une vraie intensité dramatique. Il a eu les moyens de ses ambitions (plutôt rares pour un film français !) et a donné l'ampleur nécessaire à l'aventure, ainsi que les acteurs ad hoc. Lambert Wilson et Pierre Niney n'ont pas ménagé efforts et, si nécessaire, transformation physique, pour entrer dans la peau de leur personnage. Et Audrey Tautou ne laisse pas sa part aux poissons. Sans oublier le message écologique, toujours bon à souligner.
Et aussi cette semaine
Prix de la mise en scène à Cannes (section Un Certain regard) et prix du Jury à Deauville (festival du cinéma américain), « Captain Fantastic » met en scène un père (Viggo Mortensen) qui élève ses enfants loin de la société de consommation, jusqu'à ce que la maladie de la mère y renvoie la famille. Les enfants ont rendez-vous avec le dessin animé « Cigognes et Compagnie » et les cinéphiles avec le « Voyage à travers le cinéma français » auquel invite Bertrand Tavernier. Signalons par ailleurs la projection, le dimanche 16 octobre à 16 heures au cinéma les 7 Parnassiens, à Paris, de « Wedding Doll », en présence de son réalisateur Nitzan Gilady, une fiction israélienne sur une jeune femme souffrant d'un léger handicap mental.
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