Et si le bon Dieu était aussi fait pour les chiens ?

Une réflexion théologique

Par
Publié le 09/09/2022

Les religions monothéistes – au premier rang desquelles le catholicisme – seront-elles les derniers systèmes de pensée à demeurer insensibles à la vague animaliste qui touche nos sociétés ? Dans « Des animaux et des dieux », le journaliste et théologien Christian Delahaye s’impatiente pour sa part du manque d’audace d’une Église dont il comprend de moins en moins les rigidités et les frilosités.

Le dernier livre écrit par ce collaborateur du « Quotidien du médecin » convoque scientifiques, philosophes et exégètes pour dresser le procès du spécisme, cet avatar du racisme qui fait des bêtes au mieux des supplétifs des humains au pire leurs esclaves. Christian Delahaye revient notamment sur la révolution darwinienne et montre à quel point celle-ci a bouleversé le magistère dans ses certitudes. Quoiqu’admise sur le tard par le pape Jean Paul II, la théorie de l’évolution s’est faite depuis une petite place dans le corpus catholique romain. Mais pas au point de remettre en cause un anthropocentrisme qui, selon l’auteur, n’est plus de saison. Il y a pourtant place, dit-il, pour une théologie de l’animal, alors que celui-ci se voit de plus en plus doté de droits dans nos sociétés et à l’heure d’une pandémie de Covid qui souligne comme jamais une communauté de destin entre tous les êtres vivants.

Hors de l’humanité point de Salut ? L’auteur juge urgent de dépasser cette doxa. Et d'insister sur les dimensions théologiques du débat. Il y a pour lui quelque chose de christique dans la condition des plus petits, en l’occurrence ces êtres animés qui nous entourent, nous servent et nous nourrissent : « La souffrance de l’animal nous ouvre le mystère béant de la souffrance divine », affirme en effet l’auteur. Jusqu’à imaginer l’existence d’un paradis aussi pour nos compagnons quadrupèdes ? Notre essayiste – lui-même éleveur en Normandie – n’en doute guère, qui célèbre urbi et orbi « un Dieu hors-mur spéciste ».

« Des animaux et des dieux : essai de théologie animaliste », Golias et Empreinte éditeurs, 184 p., 18 €.

Paul Bretagne

Source : Le Quotidien du médecin