Éditorial

Jusqu’où ira l’IA ?

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Publié le 10/03/2023
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Depuis quelques mois, l’utilisation de ChatGPT questionne de nombreux secteurs – le domaine médical n’étant pas épargné. Ainsi, le programme d’intelligence artificielle (IA) n’aurait pas à rougir des résultats obtenus à la partie écrite de l’examen de médecine américain et afficherait même des résultats légèrement meilleurs que les médecins témoins, au cours d’un test réalisé par des chercheurs de la Harvard Medical School. Le chatbot devait établir un diagnostic pour 45 cas cliniques. Les médecins doivent-ils s’inquiéter d’être bientôt remplacés par des intelligences artificielles ? Les tendances sont rassurantes. Et les algorithmes semblent plutôt venir en soutien des praticiens.

Car l’IA est déjà là ! Les applications se sont installées dans l’aide au dépistage et au diagnostic en radiologie, anatomopathologie, dermatologie, ophtalmologie… D’autres outils se développent dans l’aide à la prescription, l’accompagnement des patients chroniques mais aussi dans l’organisation des soins, avec des systèmes permettant d’interagir avec le patient – avant et après une opération – et d’alerter l’équipe soignante en cas de besoin. Si l’IA s’implante petit à petit, elle reste encore discrète dans les traitements. Seuls deux dispositifs médicaux, en cancérologie et en diabétologie, ont reçu le feu vert de la Haute Autorité de santé.

Si le déploiement de solutions d’IA en santé semble inéluctable, les institutions, en France comme à l’étranger, restent vigilantes. « Comme toute nouvelle technologie, l’intelligence artificielle présente un immense potentiel pour améliorer la santé de millions de personnes dans le monde, mais comme pour toute technologie, il peut aussi en être fait mauvais usage et elle peut entraîner des effets préjudiciables », recadrait Tedros A. Ghebreyesus, directeur général de l’OMS lors de la publication de son premier rapport sur l’IA en santé en 2021. Il appelait alors à ce que ce document « constitue un guide précieux pour les pays qui souhaitent maximiser les avantages de l’IA, tout en en minimisant les risques et en en évitant les pièges ».

Dans son projet de règlement IA Act, l’Union européenne a de son côté adopté le concept de « garantie humaine », notion portée par la France et introduite dans la loi de bioéthique de 2021 pour l’utilisation de dispositifs médicaux embarquant de l’IA. Et dans un avis rendu le 10 janvier, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et le Comité national pilote d'éthique du numérique (CNPEN) ont réclamé de garder un contrôle humain. À travers 16 recommandations, ils estiment que « les équipes soignantes et les patients ne doivent pas se priver des avantages apportés pas ces outils, tout en se donnant constamment les moyens de prendre de la distance avec le résultat fourni ». L’IA, oui mais avec discernement et prudence…


Source : Le Quotidien du médecin