La chirurgie ambulatoire est un réel progrès. Là où un patient restait plusieurs heures sur la table d’opération pour une chirurgie lourde, alité plusieurs jours à l’hôpital et plusieurs semaines en arrêt maladie ; certaines opérations durent aujourd’hui moins d’une heure, le patient arrive le matin pour repartir l’après-midi sur ses pieds, et il dort chez lui le soir même, entouré de ses proches. Il se remet plus vite, les bruits et l’inconfort de l’hôpital ont disparu, l’arrêt maladie qui s’ensuit se compte en jours. Tout cela n’a pas de prix…
Enfin, si. Mais l’intérêt économique est évident. Une petite multiplication suffit à voir cet intérêt. D’après les différentes sources (assureurs et mutuelles), un séjour à l’hôpital coûterait entre 1 500 et 2 100,00 € en moyenne par jour… Une journée d’hospitalisation coûterait en moyenne 1 370,00 € dans un service de médecine ; 1 700,00 € dans un service de chirurgie et plus de 3 000 € en soins intensifs. En 2019, avant Covid donc, les sources officielles [1] annonçaient 7,7 millions de patients hospitalisés (hors ambulatoire et séances), 10,7 millions de séjours et 5,5 jours d’hospitalisation en moyenne par séjour. Faites le calcul : le coût s’élèverait au minimum à 80 milliards €.
Sachant que déjà, en plus de ces 7,7 millions de patients, 6,3 millions de personnes avaient été prises en charge en ambulatoire. Il est évident que limiter la durée d’hospitalisation participe à la réduction du déficit de la sécurité sociale et au désengorgement des hôpitaux. Sans compter les avantages en termes de taux d’occupation des salles d’opération : si l’opération est plus courte, on peut opérer plus de patients dans une journée. Bref, vive la recherche, les avancées techniques et technologiques et merci à nos chirurgiens de se former sans cesse aux nouvelles pratiques et aux équipes soignantes de revoir leurs organisations pour prendre soin de nous tous.
Patients et proches désorientés
À chaque côté pile, il existe un côté face. Le parcours de santé post chirurgie ambulatoire peut s’avérer un peu chaotique si le lien ville-hôpital n’est pas mis en place. Au retour de l’opération, les patients et les proches sont toujours un peu désorientés. Si « ouvrir » le corps d’un patient est un acte quotidien pour les équipes soignantes, se faire opérer n’en est pas un pour un patient. Et repartir avec une feuille de papier A4, donnant un ou deux numéros de téléphone à contacter en cas de « problème », avec un rendez-vous un mois plus tard, n’est pas chose aisée. Pourquoi ? Tout simplement parce que le patient ne sait pas si ce qu’il voit ou ressent est un problème ou pas. Combien de temps doit durer la douleur post opératoire ? Quand doit-on s’alarmer ? Autant de questions pour lesquelles les réponses restent floues car variables d’un malade à l’autre. Et tout cela, sans compter sur la personnalité des patients et des aidants : ceux qui s’inquiètent tout de suite, ceux qui n’osent pas appeler de peur de déranger une équipe déjà chargée…
Alors que font-ils ? Ils vont sur internet, tombent sur des témoignages affreux et paniquent ; ou ils se tournent vers le médecin généraliste, le professionnel dans lequel ils ont confiance, qui doit alors gérer « à la volée » sans qu’il y ait eu de coordination. Ne soyons pas caricaturaux : certaines unités ont mis en place une vraie coordination entre professionnels libéraux et hospitaliers lorsque des soins sont nécessaires et programmés.
Parlons aussi des situations particulières. Parfois, souvent hélas, les patients sont mieux à l’hôpital, que chez eux à s’occuper seuls de leurs enfants, à faire face à la solitude ou à l’inconfort de la précarité. Est-ce le rôle des équipes médicales de déceler ces situations ? Je me garderais bien de répondre à cette question. Cependant certaines structures font le choix d’accompagner leurs patients dans leur globalité, comme l’Avancée.
Ce qui est certain, c’est que les patients qui sortent d’une chirurgie ambulatoire ne savent pas identifier des complications post opératoires. En l’absence de coordination ville-hôpital établie, inciter le patient à rappeler le service à tout moment et au moindre doute ; et surtout, le rassurer sur le fait qu’il ne dérangera pas, est essentiel. L’idéal serait que l’équipe rappelle le patient plusieurs fois, dans les jours qui suivent (certaines équipes le font, mais pas toutes hélas, et surtout dans les 24 premières heures). Il s’agit là, finalement, du suivi du patient ; je dirais presque, et pardonnez-moi cette analogie consumériste et provocatrice, du « service après-vente de la chirurgie ambulatoire ».
[1] Les chiffres clés de l'hospitalisation | National (sante.fr)
Exergue : Les patients qui reviennent chez eux le soir ne savent pas identifier des complications post opératoires
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