Il y a quelques jours de cela j’ai achevé la prise en charge d’un patient ayant une pathologie néoplasique avec atteintes multiviscérale.
Depuis de nombreuses années prodiguer des soins aux patients en phase terminale est une de mes priorités.
En effet il m’est difficile de concevoir qu’un médecin traitant (surtout en milieu semi-rural) « abandonne » ses patients à des structures, lorsqu’elles existent, qui interviennent de manière très ponctuelle au domicile pour assurer des prescriptions en rapport avec la pathologie du patient.
Une prise en charge effectuée avec une importante satisfaction de l’équipe
Ainsi en revenant sur le cas que j’ai conjointement pris en charge avec l’équipe infirmière, j’ai été très satisfait des conditions de la fin de vie de cette personne. Tout ne semblait pas aussi aisé que nous pouvions le penser au départ, car le mari de la patiente porteuse d’une néoplasie était très réticent à accepter un suivi à domicile de sa femme. Même si les vœux de cette dernière étaient clairement exprimés afin de finir ses jours à domicile, son époux nous expliquait que le stress engendré par cette situation inédite était insupportable pour lui.
Dans un premier temps nous avons rassuré ce dernier en lui montrant que nous serions à ses côtés (l’équipe infirmière est joignable 24 heures/24, et en ce qui me concerne je reste disponible sur appel de ces paramédicaux de jour comme de nuit).
Très progressivement nous avons pu traiter les différents maux induits par la néoplasie de la patiente (troubles digestifs, douleur, agressivité…), et l’entourage a été très rapidement rassuré.
Bien entendu ce type de prise en charge ne peut pas s’inscrire dans la durée, mais nous nous sommes efforcés d’informer journellement le mari de la possible évolution, sans lui donner de manière précise de date concernant le décès de sa femme. Nous nous sommes contentés pour éviter toute frustration, de donner « certaines bornes » afin de ne pas aussi faire croire à cet homme que son épouse allait vivre encore de nombreux mois.
En tant que soignant, il était intolérable pour nous d’accepter son idée d’euthanasie
En fait il souhaitait avant tout que nous euthanasiions sa compagne car il voulait conserver une image positive de la femme de sa vie. Nous (l’ensemble de l’équipe) avons eu une réponse très ferme concernant sa volonté. Ainsi nous lui avons expliqué qu’en tant que soignant nous faisons le maximum pour assurer le confort du patient, cela sans prolonger inutilement sa vie. Cependant nous avons bien précisé qu’en tant que soignant il était intolérable pour nous d’accepter son idée d’euthanasie.
Il a été au départ déçu, mais il a très bien compris notre position, et les soins de sa femme ont pu être effectués dans une grande sérénité. À son décès il est venu nous voir avec des présents pour nous remercier de la qualité de notre prise en charge, mais surtout pour exprimer ses excuses vis-à-vis de son comportement qu’il a jugé tout à fait inadapté.
Ce cas nous montre l’intérêt pour l’équipe (on ne travaille jamais seul dans ces cas) d’être droits dans nos bottes lors de la prise en charge d’un patient en soins palliatif. Nous pouvons reconnaître que les conditions de soins en phase terminale proposées dans notre petite cité ne sont pas transposables dans toutes les zones géographiques, car réaliser de tels soins est synonyme d’une participation de tous les instants ce qui est très chronophage.
Les soins palliatifs, une priorité avant tout
Nous avons été quelque peu interloqués par les propos de notre Président qui a déclaré : « Avec le texte proposé à l’Assemblée nationale, on regarde la mort en face ». Il parlait d’une légalisation éventuelle de l’euthanasie et du suicide assisté.
Au-delà de cette prise en compte nous ne pouvons qu’être quelque peu surpris car de nombreux médecins souhaitent avant tout accompagner les patients en fin de vie, patients qui veulent s’accrocher au monde des vivants pour la plupart. Or dans les faits nous voyons que certains départements n’ont pas d’unités en soins palliatifs. En France nous avons besoin avant tout d’avoir des unités dignes de ce nom pour accompagner les patients en fin de vie, cela avant de légiférer sur le suicide assisté ou l’euthanasie.
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