Éditorial

Montée en puissance

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Publié le 30/06/2023
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Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) font l’objet de toutes les attentions des pouvoirs publics. Avec l’objectif affiché de couvrir la totalité de la population française en 2024, le ministère de la Santé se mobilise. Agnès Firmin Le Bodo a confié en début d’année à trois personnalités qualifiées un « Tour de France » de ces groupements de libéraux pour repérer les bonnes pratiques et identifier les sujets qui fâchent.

Du côté des parlementaires, on pousse volontiers à cette structuration à marche forcée des libéraux de santé – en miroir de l'hôpital –, ce qui crispe régulièrement les médecins, premiers concernés. Lors du débat sur la loi de financement de la Sécu 2023, la CPTS avait été proposée comme échelle de coordination pour l’encadrement des futurs étudiants de 4e année de DES de médecine générale. Puis, dans le cadre de la proposition de loi Rist, l’accès direct aux paramédicaux a été envisagé au niveau des CPTS. Des dispositions finalement abandonnées, les professionnels ayant alerté sur l’échelle variable de ces communautés pouvant compter plusieurs centaines d’adhérents et couvrir des milliers d'habitants.

Nouvelle salve législative : l’inscription automatique des professionnels dans une CPTS (sauf refus) a été inscrite dans la PPL Valletoux, après vote en première lecture à l’Assemblée nationale. Dans nos pages, David Guillet, président de la fédération nationale des CPTS, prévient que l’obligation risque d’être « contre-productive » alors que « la dynamique est là ».

Car sur terrain, ces pools de libéraux prennent leur envol. L’atlas des CPTS fait état de 427 structures en fonctionnement ayant contractualisé avec l'Assurance-maladie et couvrant 54 % de la population. Près de 40 communautés devraient entrer en fonctionnement prochainement – leur projet de santé étant validé – et 188 ont validé une lettre d’intention. Enfin, près de 800 structures sont en projet plus ou moins abouti… Le quatrième panel d’observation des pratiques et conditions d’exercice en médecine générale (Drees) témoigne aussi de l'adhésion croissante des omnipraticiens : 20 % des généralistes libéraux se déclarent faisant partie d’une CPTS début 2022 (contre 7 % trois ans plus tôt).

Cette ébullition territoriale s’accompagne de la mise en place de projets concrets dont témoignent plusieurs médecins dans nos pages. S’ils s’en félicitent, ces praticiens engagés ne cachent pas les difficultés rencontrées et les freins qui subsistent en termes de financement et de ressources humaines pour animer ces communautés chronophages. Le gouvernement devra les accompagner pour éviter la crise de croissance.


Source : Le Quotidien du médecin