Il y avait déjà les tensions sur la démographie médicale, les soignants à bout de souffle au sortir de la crise sanitaire, à l’hôpital comme en ville, l’échec des premières négociations conventionnelles pour les libéraux… Ajoutez les dernières annonces du Premier ministre et vous obtenez une nouvelle levée de boucliers des médecins qui ne savent plus à quelle sauce ils vont être mangés.
Fin mars, la fixation des tarifs hospitaliers 2024 avait mis le feu aux poudres du côté des établissements privés. Avec une revalorisation de 0,3 % – très loin des 4,3 % accordés aux hôpitaux publics – les cliniques ont annoncé une grève totale à partir du 3 juin. Solidaires, quatre syndicats – Avenir Spé-Le Bloc, UFML-S, SML et la FMF – ont claqué la porte des négociations, qui entraient dans la dernière ligne droite. « On ne peut pas claironner que l’accès aux soins pour tous est la priorité et de l’autre saboter sciemment une prise en charge de proximité qui est faite dans les territoires par les cliniques », a martelé la Dr Sophie Bauer, présidente du SML, appelant à des réponses du gouvernement.
Il est aujourd’hui difficile d’imaginer une sortie de l’impasse
Si la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a dévoilé le 6 avril la stratégie décennale de « soins d’accompagnement » 2024-2034 (lire page 20), ce sont les annonces de son Premier ministre dans la presse régionale le même jour qui ont ulcéré les libéraux (lire page 16). Taxe lapin gérée par les praticiens, augmentation des places en fac de médecine sans garantie des capacités de formation, séance de psychologue en accès direct à 50 euros dans le cadre de Mon Soutien Psy, mutualisation avec des non-médecins pour la permanence des soins ambulatoire, aide financière pour les praticiens acceptant d’être de garde temporairement en dehors de leur zone… Des annonces soudaines qui interrogent sur leur mise en pratique et la pertinence du calendrier en pleines négociations.
Mais Gabriel Attal va encore plus loin, remettant en cause l’organisation historique du parcours de soins autour du médecin traitant avec une expérimentation de l’accès direct aux spécialistes. « Cela fait cinq mois qu’on travaille avec l’Assurance-maladie sur l’accès aux soins et sur la pertinence des prescriptions et là, en un revers de main, le Premier ministre met par terre tout ce travail en commun, sans avoir consulté un seul syndicat médical au préalable », déplore la Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France.
En mars, Frédéric Valletoux lançait cet avertissement dans nos pages : « En cas d’échec des négociations, le Parlement se saisirait du sujet et je ne sais sincèrement pas ce que serait le choix des élus. » Aujourd’hui pourtant, il est bien difficile d’imaginer une reprise de ce round conventionnel et une sortie de l’impasse.
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