Éditorial

Quand LR pousse ses pions

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Publié le 01/12/2023
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Coup d’éclat sur l’aide médicale d’État au Sénat, proposition de loi spécifique sur l’accès aux soins, amendements au budget de la Sécurité sociale jugés trop timides… Les Républicains ferraillent volontiers sur les sujets de santé, un terrain longtemps délaissé à la droite.

Avec 62 sièges à l’Assemblée (sur 577 députés) et la majorité au Sénat, les élus LR entendent se positionner en arbitre, voire être force reconnue de propositions, alors que la santé occupe une place prépondérante dans les préoccupations des Français. Pour preuve, le sujet arrive en deuxième place (cité comme une préoccupation personnelle par 37 % des répondants), derrière le pouvoir d’achat (40 %), dans l’enquête sur l'état de la France menée en septembre 2023 par Ipsos pour le Cese. Selon cette étude, 42 % des Français jugent qu’il existe des inégalités d’accès « très importantes » à la santé. Le lieu de résidence arrive en tête comme facteur de disparités (jugé important pour 67 %), devant l’origine géographique ou culturelle (63 %).

C'est dans ce contexte que les élus LR avancent leurs solutions – allant de la réforme de la formation médicale initiale à la création d'une « taxe lapins » contre les patients indélicats. Si certaines mesures LR font directement écho aux revendications de la profession, d’autres sont nettement plus clivantes. À l’exemple de la suppression de l’AME – votée initialement par le Sénat dominé par la droite – contre laquelle s’élèvent de nombreuses voix du milieu médical.

Les Républicains ne sont pas les seuls à se presser au chevet du système de santé. À gauche, le tenace député socialiste Guillaume Garot travaille déjà à l’enrichissement de sa proposition de loi transpartisane pour l’accès aux soins, réclamant une régulation à l’installation. Le gouvernement s'emploie de son côté à montrer le chemin parcouru. Ainsi, la ministre déléguée aux Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, en déplacement dans l’Orne en début de semaine, a défendu son plan d’action contre les déserts médicaux, citant la généralisation des CPTS, l’aide à l’emploi des assistants médicaux, la montée en puissance des maisons de santé et les médicobus. Aurélien Rousseau a tenté pour sa part de rassurer les maires désemparés lors de leur congrès.

Avec une démographie médicale plus que jamais en souffrance, l’augmentation des besoins médicaux liés au vieillissement et aux maladies chroniques, il y a urgence. Toutes ces belles intentions qui s'expriment à droite comme à gauche suffiront-elles ?


Source : Le Quotidien du médecin