Une « simple complexité », a souligné Sandie Boulanger, une Femmes de Santé. « On ne peut pas être en bonne santé dans un environnement dégradé », expose simplement Alice Barras, experte du sujet, Femmes de Santé également, à l'occasion des états généraux consacrés à la santé environnementale.
Une synthèse de la littérature, réalisée par la Dr Catherine Azoulay, et publiée en ligne sur le site des Femmes de Santé, explique bien les choses. Elle révèle surtout que la situation est une urgence de santé ; une réelle urgence. Et cela a été évoqué plusieurs fois. Les alertes des professionnels renommés, de chercheurs, souvent regroupés pour avoir plus de voix, sont de plus en plus nombreuses… Et pourtant peu écoutées. Il y a tant de causes à défendre, me direz-vous. Oui, mais celle-là nous concerne TOUS, la pollution est la première cause de mortalité dans le monde.
Lors de ces états généraux, plusieurs tables rondes ont réuni autour de cette thématique les dirigeant.e.s des industries pharmaceutiques, du diagnostic, des dispositifs médicaux (ces industries représentent 50 % de l’empreinte carbone du secteur de la santé), les représentant.e.s des managers publics de santé (les établissements représentent 38 % de cette même empreinte), des expertes en santé environnementale ainsi que madame Agnès Firmin le Bodo. Impossible de résumer en quelques caractères ce qui a été dit.
Une volonté commune d'agir
Je retiendrai surtout une volonté commune d’agir. C’est la base, certes, mais elle est essentielle. Ensuite, un esprit pragmatique à avoir dans la démarche de transition : transformer en premier lieu ce qui présente l’empreinte carbone la plus élevée. S’attaquer aux bâtiments fait moins de publicité que d’enlever les gobelets en plastique à la machine à café. Mais c’est nettement plus impactant. Les transports sont un vrai sujet ; instaurer un système d’une livraison par jour des médicaments par les répartiteurs au lieu de deux diviserait automatiquement par deux le rejet de gaz émis par les véhicules. La bonne observance par les patients a également été évoquée.
Agir auprès des salariés est aussi une priorité : les former, pour qu’il puisse comprendre comment calculer leur empreinte carbone et atteindre les deux tonnes recommandées. Une démarche discrète mais qui fait boule de neige et réellement efficace ! Corinne Blachier-Poisson, présidente de laboratoire, l’a mise en place et a elle-même suivi la formation.
Et puis, enfin, c’est au tour d’Alexandre Gris, délégué national du Syndicat des managers publics de santé (SMPS), de nous raconter les actions locales autour de l’hôpital, comme la restauration des terres autour des établissements, en maraîchages bio cultivés par des personnes en réinsertion avec une légumerie locale. Peu de transports, des fruits et des légumes frais préparés chaque jour sur place pour les patients, parfait !
Le lien entre industriels et hôpitaux est essentiel pour adapter les produits et leurs emballages, et ainsi baisser leur empreinte carbone. Des partenariats concrets se mettent en place, comme l’explique si bien Céline Dujardin, à la tête d’une entreprise fabriquant des dispositifs médicaux. Les déchets, évidemment ont aussi été cités, comme l’éco-dialyse ou le fait d’avoir des traitements plus simples qui nécessitent moins d’allers et retours à l’hôpital, ou encore cette histoire racontée par Laurent Lhopitallier, dirigeant dans l’industrie pharmaceutique : « Passer d’emballages individuels en plastique pour les doses de vaccins, à des packagings compacts en carton… a eu un « effet secondaire » (si je peux me permettre ce jeu de mots) inattendu : il ne fallait plus plusieurs réfrigérateurs pour stocker les vaccins dans les centres, mais un seul ! »
Gain de place, gain d’énergie, gain de consommation. Cercle vertueux.
Ne pas oublier la gestion de l'eau !
Mais le carbone et le plastique ne sont pas tout. Seulement 1 % de l’eau de la planète est accessible à l’Homme. C’est déjà une denrée rare et cela va empirer. L’eau, c’est la vie ; ne l’oublions pas. Connaissez-vous la notion d’eau virtuelle ? Elle est pourtant bien réelle, cette eau, mais elle est cachée. C’est l’eau qui est utilisée pour fabriquer un objet, nous rappelle Tania Pacheff, experte en santé environnementale. Et quand on nous conte l’histoire de cette usine de médicaments, en France, dont les ingénieurs ont travaillé pour baisser la consommation d’eau… En mettant simplement des compteurs à l’entrée et à la sortie des différentes zones, pour repérer des fuites cachées ; ou encore d’utiliser des systèmes intermittents (un peu comme les chasses d’eau) au lieu d’avoir des systèmes continus… Simple, logique, concret. Sur la facture, à l’échelle du coût d’une usine, cela ne représente rien, car l’eau en France ne coûte quasiment rien. Mais sur la quantité d’eau économisée, c’est énorme.
Cela démontre bien une volonté d’agir qui n’est pas qu’économique, que c’est aussi une question de confiance dans les équipes de terrain. Ce colloque a démontré la nécessité de travailler ensemble à toutes les étapes de la chaîne, pour reprendre les mots d’Anne-Laure Dreno, présidente d’un laboratoire, et de Françoise Gay-Andrieu, responsable des Affaires médicales chez un industriel du diagnostic. Et c’est lorsqu’on voit ces mêmes dirigeant.e.s, rester ensemble à la fin des débats, discuter et se transmettre leurs coordonnées pour échanger leurs bonnes pratiques que l’on se dit que les choses vont avancer.
Quant à nous, Femmes de Santé, nous avons lancé un appel à agir en faveur de la santé environnementale, que nous vous invitons à suivre et à relayer #AppelDesFemmesDeSante. Car c’est par l’action de chacun, et donc de tous, à tous les niveaux, à toutes les échelles, que nous arriverons à préserver l’humanité.
C’est vous qui le dites
« En 5 heures, ils gagnent 2 000 euros défiscalisés »
Éditorial
Seulement 5 % ?
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Prévention, vous avez dit prévention ?